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mardi 20 novembre 2018

Les histoires de jean Soldat

Jean Soldat aux Champs.

Quelques semaines après son escapade aux échelles de la mort, Jean Soldat reçoit une nouvelle mission en territoire étranger.
Les troupes Alliées sont fortement engagées à nos frontières et elles ont déjà délivré un large territoire jouxtant la chaîne du Jura, entre Suisse et France. Des informations relatant une contre-attaque de la Wehrmacht et faisant état d'un passage en force de nos frontières pour surprendre l'adversaire sur ses arrières, circule dans les services de renseignements. Une boîte de la Résistance, en territoire occupé est à même de fournir plus de précisions sur cette opération.
Le responsable de ce groupe de FFI se situe dans les ruines d'une école, en pleine forêt non loin de St.Dié. Jean Soldat est donc chargé de prendre contacte avec cette antenne. La région est sous haute tension et d'un accès compliqué. De nouvelles troupes de la Waffen SS sont remontées du Sud de la France, chassées par le débarquement au Sud du pays.On sait que ces unités SS sont sans pitié. Le massacre de Oradour/Glâne en est un terrible fait. Un village entier détruit et massacré par une compagnie en repli en a exprimé toute l'horreur au monde libre. 
La première partie de la pénétration en territoire français, se passe en zone libérée.. Vient ensuite la traversée de Saint Dié présente une première difficulté. Un seul pont , lancé par les troupes du génie Alliés, permet le franchissement du fleuve. Encore constamment sous le feu de l'ennemi tout proche à quelques km.
La construction des pontonniers est constituée de barges reliées par des poutrelles en bois et formant un solide tablier capable de supporter les lords véhicules qui sont chaque jour débarqués dans les ports de Normandie. Les tirs sporadiques des obusiers allemands ont déjà causé quelques dégâts. Il faut absolument bien choisir le bon tempo pour franchir l'obstacle.
Les renseignements varient selon les sources contactées. Des troupes américaines et anglaises côtoient les unités françaises  dans cette zone de bataille, chacun à ses vues sur la situation et il sera difficile pour notre agent, de se faire une idée précise de la situation qui l'attend. Il décide finalement d'attendre la nuit pour s'engager dans la traversée. Sa position n'est pas des plus enviable car il ne dispose d'aucun soutien logistique. Un officier français finira par lui communiquer quelques renseignements quant aux heures de pilonnage de l'objectif par les batteries allemandes.
Jean, planqué dans les ruines d'une bâtisse sur la rive droite,attendra  son heure. Ces tirs bien que sporadiques, indiquent la présence de bélligérants encore bien ancrés autour de la ville. Il est évident que la Whermacht surveille étroitement ce passage qui devrait permettre aux troupes Alliées de faire passer le matériel de renfort d'une rive à l'autre. La pression sur les troupes du Reich est au plus haut point. Le Rhin et donc la frontière  du pays n'est plus qu'à quelques km et chaque avancée des américains provoque le sentiment de haine pour l'adversaire. Il règne encore dans l'armée allemande un fort sentiment de supériorité qu'entretient notablement le discours du Führer, promettant à ses fidèles, de nouvelles armes révolutionnaires d'une puissance destructrice telle que l'issue du combat mondial ne peut que tourner en sa faveur. Absorbé dans ses réflexions, notre homme ne perçoit qu'au tout dernier moment, une présence à ses côtés. La nuit est très sombre et l'arrivant d'une parfaite discrétion. Rapidement, devant le bras armé qui le menace, il se présente :
- FFI Gérald B, le lieutenant que vous avez rencontré cet après-midi, m'envoie pour vous guider jusqu'à votre rendez-vous en forêt occupée.
Jean est bien sûre réconforté par se secours imprévu.
Les deux hommes demeurent silencieux puis à l'heure choisie par le suisse, ils se mettent en mouvement. Quittant le couvert du bâtiment qui les abritait, ils se faufilent dans les décombres environants. Une large bande de terrain à découvert les attend ensuite. Le guide prévient:
- Attention jusqu'à la petite haie au fond du jardin, des snippers s'y trouvaient la nuit dernière...
Les deux hommes, rampants et redoublants de prudence, parviennent à la haie vive. Essayant d'éviter tout froissement intempestifs des arbustes qui la compose.Il s'y glisse, observent un instant d'éventuelles réactions car une nouvelle traversée de plus de 200 m en  découvert, les sépare d'un bosquet. Le guide prévient encore:
- Ils se cachent aussi dans ce bouquet d'arbres, séparons-nous pour y pénétrer. Le terrain humide a complètement imprégné les vêtements des deux hommes ce qui leur confère une certaine raideur dans les mouvements.Ils ont mis un bon quart d'heure pour franchir ces quelques dizaines de mètres...son attente de la journée dans les ruines ne l'a pas réchauffé. Il a une brève pensée pour sa maison confortable en Suisse. Il ne l'a quitte jamais sans un petit pincement au coeur et une brève nostalgie, toujours peu certain d'y revenir. Chaque mission en cette période troublée peut se terminer par une arrestation en terrain ennemi sous inculpation d'espionnage voire pire encore. Les balles perdues ne le sont pas toujours pour tout le monde !
Soudain, sur la gauche de leur position, un lourd froissement de branchages les met en alerte. Le FFI est armé d'une mitraillette mais Jean ne possède que son pistolet Mauser. De lourdes secondes s'écoulent pour laisser apparaître une patrouille de GI's. Les deux hommes se font connaître. La patrouille Alliée s'est infiltrée d'environ 3 km en avant de la ligne actuelle. Si ils ont détecté des mouvements de troupes ennemies, ils n'ont pas engagé d'affrontement. D'après leur bref commentaire, la confirmation de préparation d'une opération de plus ou moins grande envergure se confirme. La mission de Jean prend tout son relief.
Il sera nécessaire de redoubler d'attention pour parvenir jusqu'au point de jonction. Le renseignement semble de grande importance. Le SR a, une fois encore bénéficié de bonnes informations.
Les deux groupes se séparent et continuent leur cheminement respectif.Heureusement, la forêt est assez dense pour nos deux infiltrés. Le terrain est découpé par de nombreuses haies vives et taillis. Cette situation peut aussi bien camoufler des adversaires que servir de couvert. Arrivés à mi-chemin, soudain, un puissant tir de barrage se déclenche, venant du côté ennemi. Les rafales d'armes automatiques
Jean et son guide ont slalomé entre tous ces obstacles en se faisant connaître des troupes en place qui avaient été informées de leur passage. Les bruits de mitraille se sont tu. Le franchissement des 50 m de pont n'en sera que plus périlleux. Sans paroles ni gestes inutiles nos deux agents  transitent par les gardes immergés le long de l'ouvrage.Enfin l'autre rive , plus ou moins à l'abri de tirs éventuels !
Il faut maintenant vraiment se diriger à l'aveugle. Le point de rencontre n'est plus qu'à quelques centaines de mètres, mais la clairière ou se situe le bâtiment servant de QG aux maquisards ne se découvre qu'à moins de 50 m. Les deux hommes progressent avec toute la science qu'il applique dans certain cas. Se glissant d'arbres en arbres, ils choisissent les troncs les plus volumineux pour avoir un abri corporel.Tout à coup le bâtiment surgit de l'obscurité. Complètement isolé au centre de la petite clairière il présente toutefois des séquelles des combats  qui se sont déroulé entre le groupe de maquisards et les troupes allemandes. Un angle de la façade Sud-Ouest a été emporté par un tir d'artillerie ou de char, les fenètres sont toutes fracassées. Il n'en reste que des vestiges dans les chassis. Aucun signe de présence n'apparaît mais nos agents savent que les occupants sont installé en sous,sol. Cet ancien cloître possède des caves et des locaux souterrain, vestiges de la Révolution. Ils ne sont connus  que des habitants du pays et le secret est jalousement gardé, vis-à-vis de l'occupant. Cela fait plus de deux semaines que les maquisards les occupent et ont téussi à les soustraire à l'ennemi.. Ce point de renseignement à déjà démontré son efficacité en transmettant de précieux renseignements  tant aux Alliés qu'aux services suisses lorsque  ces informations concernent notre pays. Un des occupants est du reste d'origine helvétique. Pour terminer leur approche, Jean et son compagnon se séparent et contournent  chacun de leur côté, le vieux bâtiment. L'accès se trouve dans un bosquet du côté Nord de l'édifice. Mais là, ils trouvent devant une porte vermoulue en bois et métal. Une première tentative d'ouverture n'apporte aucune réaction. Toutefois un bruit sourd mais lointain qui ressemble au hululement d'une chauve-souris donne un écho à la tentative. Quelques secondes et un bruit plus proche semble provenir d'un mouvement, mais il ne provient pas de derrière la porte. Sur leur gauche, ils n'avaient pas remarqué une petite ouverture masquée par par une touffe végétale plus dense. Ils se sentent observé sans en avoir décelé l'origine. Une voix se précise et annonce:
- Vous êtes dans l'antre de Barnabé, un petit verre ?
La réponse servant à ce mot de passe est:
- Oui, mais à ras bord.
Jean Soldat ne l'a pas oublié et quelques secondes plus tard la porte vermoulue s'ouvre leur livrant passage vers une deuxième porte peinte en gris que l'on devine plus que l'on ne la voit. Un geste appris vers la parois de droite la fait pivoter sur des gonds bien huilés. . Deux hommes armés sont en position et accueillent les deux agents. Pas de palabres inutiles. On les emmène dans un couloir étroit pour déboucher sur une troisième porte blindée celle-ci. Ah, ils sont bien organisé les résistants! Une poignée sous le plafond en commande l'ouverture. Actionnée par un des gardes qui les accompagne, elle ouvre l'accès à une salle voutée, en pierre de taille. L'ameublement est plus cossu que ce que l'on peut attendre dans un tel endroit. Un bureau, une table avec 4 chaises au centre. Dans un angle quatre paillasses et une grosse armoire multiportes. Un paravent masque le poste de radio et un téléphone de campagne, produits américain à n'en pas douter. Un opérateur est en action et transmet l'arrivée de deux agents. Le responsable du groupe"Maxime", est un petit bonhomme à l'air débonnaire. Son efficacité est notoirement connue parmi les FFI. Un bon nombre de sabotages  ferroviaires et autres lui sont attribués. En le voyant on comprend qu'il passe inaperçu dans un groupe et même individuellement. Le parfait prototype du français campagnard.
On ne perd pas de temps en vain bavardage, le temps presse car la cotre-offensive allemande est programmée, d'après les sources, dans moins de 48 heures... Un document manuscrit est remis à Jean. Il en donne décharge au responsable. A peine une poignée de main et quelques recommandations pour le retour et nos agents se retrouvent en lisière de forêt. Reprenant le parcourt de leur arrivée, ils sont rejoints par une groupe de trois hommes armés, leur escorte. Le retour jusqu'au pont se passe sans incident. Là, ils sont pris en charge par une section US qui les dirige entre les postes disséminés le long de l'ouvrage. Sur l'autre rive une surprise les attend. La Wehrmacht a progressé sur ce terrain accidenté et à peine engagé dans ce qui était un no-mansland à leur arrivée, le groupe est pris sous le feu de l'ennemi. Une patrouille ennemies les a repéré. Deux hommes du groupe sont atteint. La riposte est immédiate et un feu nourri partant d'un fourré proche réduit rapidement cette attaque à néant. La protection est bien en place. Jean comprend alors toute l'importance de sa mission, ce qui lui donne une envie de plus de la mener à bien. Les tirs ont éveillé des troupes apparemment misent en place pour la grande opération allemande projetée. Un résultat non prévu et qui donne une grande vraisemblance aux informations parvenues. Un duel à l'arme lourde se poursuit dans la nuit. Les hommes du commando se sont terrés durant les échanges. Seul les groupes de protection autour du pont sont demeuré muets pour ne pas dévoiler leurs positions.
Enfin les tirs ont cessé. Côté du groupe, on  récupéré les deux blessés et on peut regagner les lignes Alliées. Jean et son guide sont indemne, un peu traumatisés par cet épisode , malgré tout envisagé dans de telles missions. Notre agent secret ramènera son butin aux SR helvétiques.
Un ballet diplomatique s'ensuivra avec l'Allemagne. La neutralité de la Suisse ne peut accepter un passage de troupes de l'Axe sur son territoire. Mis les choses changent rapidement et une brusque poussée des chars de Patton rendent l'opération Nazie impossible à réaliser. L'avance des troupes Alliées se poursuit avec une extrême rapidité vers les rives du Rhin.
Jean recevra les remerciements et les félicitations de son service. Il a droit à quelques jours de repos parmi les siens tout en sachant qu'il peut être  appelé très trapidement pour une nouvelle mission.
De longs mois de guerre lui donneront encore des occasions de trembler et de faire appel à son courage d'agent secret<;
 

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