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jeudi 31 mai 2018

Il est arrivé...

mon nouveau livre de recettes: "Gastronomie Campagnarde", 150 pages de recettes pour passer de bons moments de convivialité et et plaisir d'être à table.

Les apéritifs et cocktails, le beurre, les soupes, les bolets-roestis, Les pains maison, Les poissons de mer et d'eau douce, le boeuf sous toutes ses formes, le porc et la Saint Martin, des menus pour toute la semaine, des tartes et gâteaux, etc...
Vous pouvez passer commande sur mon adresse Mail de :
hoffmeyerasselin@gmail.com
Le prix est de 30.-, port : 6.- payable sur le net ou retirer le livre chez:
Gilbert Hoffmeyer, Claire Fontaine,2854 Bassecopurt.
Tél de réservation: 032 427 07 60 
Je me réjouis de vous compter parmi mes lecteurs fidèles.

Souvenirs...

En ce mois de Juin, je ne peux m'empêcher de me souvenirs de ces réalités vécues il y a plus de 70 ans. Ce que je n'oublierai jamais.

Depuis le début des hostilité de cette guerre de 39-45, le ciel du Jura est constamment violé par l'aviation des belligérants. Plusieurs escarmouches avec la Luftwaffe ont tourné au désavantage de la chasse helvétique. Mais depuis plusieurs mois, ce sont plutôt anglais et américains qui nous survolent ou même, nous mitraillent. Des containers en forme de gros cigares sont largués régulièrement sur notre sol. Destinés à la résistance française ils finissent souvent sur nos pâturages jurassiens. Bourrés d'armes, de vivres et d'argent ils excitent la convoitise. Mais la police et l'armée veille à leur récupération.
Des tractes et des bandelettes métalliques (brouillage hertzien), voltigent au-dessus d nos têtes à tout moment. Il est devenu coutumier d'assister au passage d'un bombardier du Strategic Air Comand ou un chasseur de la RAF, en flamme. Trainant un panache de fumée voir de flamme, ils tentent de rallier les aérodromes alliés ou s'accumule une fabuleuse armada qui devrait mettre fin à ce conflit qui dure depuis 5 ans: la 2eme guerre mondiale.
Mais les combats s'intensifient à nos frontières, depuis le débarquement du 6 juin en Normandie. Certains soir nous grimpons avec mon papa au sommet des Ordons, point culminant de la chaîne du Jura qui seule nous sépare des hostilités. Du sommet, nous suivons les départs des coups de canons qui opposent alliés à la Wehrmacht. Ceux-ci sont bientôt dos au Rhin.
Les informations de Sottens et les messages de la BBC, codés, permettent à mon paternel de suivre l'évolution du front. Sur une grande carte de l'Europe en flamme, un fil rouge et un fil vert sont tendus. Guidés par des épingles, ils sinuent au fur et à mesure des déplacements des deux belligérants. Jamais nous ne saurons ce que ces déplacements (/symboliques) ont représentés de morts et de misère sur le terrain...
Le miracle de la frontière suisse, en ces temps d'épouvante à l'échelle mondiale, nous y avons tous cru.
Ce matin je suis parti sur les pâturages au sud de Bassecourt. L'herbe est jonchée des fameuses banderoles d'aluminium. Un lâcher à eu lieu cette nuit. Il est près de midi lorsque le vol d'une escadrille me surprend. Pas de poursuivants helvétiques. Quelques courts instants et pourtant une fusillade se déclenche. Me souvenant des combats aériens précédents et des recommandations parentales, je cherche désespérément un couvert. Rien de sérieux, sinon un gros buisson d'épineux !...Déjà les tirs ont cessés. Combien de salves et de quelle durée ? Je n'en ai pas conscience, mais quelle trouille ! Me souvenant du combat aérien, quelques années plus tôt qui, juste au-dessus de nos têtes avait coûté la vie au pilote suisse Rickenbach, le 4 Juin 1940. Je l'avais vécu sans comprendre, me demandant pourquoi ma maman m'avait littéralement "cueilli" au beau milieu des fraises du jardin pour nous précipiter à l'abri, dans la cave, croyant à un bombardement...L'explosion de l'avion suisse, s'écrasant à l'entrée de Boécourt, nous avait terrorisé. Le pilote, mitraillé sous son parachute par la Luftwaffe, s'est enfoncé dans le sol jusqu'à la taille en fin de chute au bord de la route ou une pierre indique encore son impacte. Depuis lors, à chaque accrochage aérien, nous vivions des éternités de frousse, attendant comme un bouquet final: l'explosion.
Ce jour là, il n'y en eu point. J'y ai certainement battu des records pour rentrer chez moi.
La nouvelle y était avant moi, relayée par le groupe de transmission installé  dans "l'alcôve" familiale. La gare de triage de Delémont a été la cible d'un mitraillage en ràgle de la part...des Alliés
Je n'y comprenait plus rien. Qui était l'ami ? Qui était l'ennemi ? J'avais à peine 9 ans.
Plus tard j'ai pu voir des douilles, impressionnantes, ramassées par mon oncle Joseph Ackermann, alors chef de la gare des marchandises de l'époque.
Dans l'alcôve, les transmissions sont saturées. Il semble que cette attaque soit de même nature que celle conduite par la RAF contre la gare de Schaffouse, quelques semaines auparavant. Les Alliés s'en prennent aux gares de triages de Suisse, gares par lesquelles transitent les convois allemands qui empruntent les lignes du Gothard et du Simplon pour accéder à l'Italie, l'allié rattaché aux forces de l'axe et font passer ravitaillement et armement pour leurs troupes y combattant. 
Moins conséquente que celles de Schaffouse ou Rennens, cette démonstration était toutefois un sérieux avertissement aux autorités helvétiques.
Une fois de plus, la guerre nous a frôlé de son aile noire et ce 12 septembre 1944 a perturbé notre quotidien.
Ce soir la radio nous rappelle la stricte observation des consignes d'obscurcissement :-tous feux et lumières doivent être obturés. Les éclairages des vélos et des rares voitures sont presque indécelables car peints en bleu nuit. Toute fenêtre doit être masquée et ne laisser filtrer aucune lumière. Dès la tombée de la nuit, rues et villages plongent dans une obscurité intégrale ou seuls les verres luisants sont dispensés d'obscurcissement...
Dans l'alcôve, le préposé à la dynamo pédale de plus belle. Les transmissions vont bon train !...
La vie communautaire est bien perturbée. Le plan Wahlen pour l'intensification des cultures est bien assimilé. L'armée participe aux travaux agricoles et chaque mètre  carré est utilisé à bon escient. Le rationnement demeure draconien. Le père Monnin du Prayé règne sur les cartes de rationnement aux coupons détachables. Durant toutes ces années il eut la tâche délicate de répartir les ratios alimentaires.
Heureusement, la cuisine militaire, qui est installée à côté de l'école, dispense cacao, soupe, biscuits et parfois même un ragoût. Souvent seul repas avec viande de la semaine pour beaucoup d'entre nous.

mercredi 23 mai 2018

Mort d'un Ami

Journaliste, je t'ai connu dans l'exercice de ton job. Tu interwievais une écrivain culinaire à la terrasse d'un café de Lamastre. Tu m'as aimablement prié de m'associer à ce dialogue. Paru dans le Dauphiné, ton article a fait l'éloge des deux auteurs. Puis nous avons gardé un excellent contact  à travers l'association "Tazlau" du canton de Lamastre avec le village roumain de ce nom. Dans cette association, nous avons eu souvent l'occasion de collaborer ainsi que dans d'autres activités ardéchoises.
Nos goûts culinaires nous ont aussi rapprochés à table et nous te retrouvions régulièrement dans les manifestations à Empurany et là où tu les couvrais pour ton journal.
Tes Mails réguliers et super marrants, m'ont souvent servis pour agrémenter mon journal Le Furet.
Encore merci pour tous les services rendus lors de l'affaire du permis de conduire, les courses à l'hôpital de Valence et lors du déménagement final. 
Je garderai de toi le souvenir d'un chic copain et t'accompagne dans cet au-delà ou je te souhaite de trouver quelques choses à ton image.
Tchao l'Ami André.

lundi 21 mai 2018

Bassecourt 1950. Un dimanche de Printemps

Il est arrivé !...dans l'air, dans les yeux, dans les coeurs.
Il est à ras de terre, dans les pousses vert tendre, dans les premières fleurs encore hésitantes qui s'étalent, dans les bourgeons qui sourdent dans les haies...
Même les voix ont pris un timbre euphorique.
C'est le Printemps !...
Le Jura nous le distille en avant première, un de ces dimanches dont il a le secret : éclatant, chaleureux, revigorant, vivifiant en diable.
Pacques est à la porte et ce dimanche est le notre, celui de la course : de notre course. Toute la semaine nos conversations ont tournées sur ce sujet. "Le Tour des 3 villages" n'est pas encore une tradition, tout juste un divertissement du jeudi après-midi. Mais cette fois, c'est plus sérieux et dans nos têtes d'adolescents, il fait déjà partie de notre avenir.. .
J'ai quinze ans, de solides copains et six frères et soeurs.
Aprés un hiver sérieux ou la neige a un peu anesthésié nos activités. Nous sommes débordant d'idées et de projets et, celui de ce jour, nous tient particulièrement à coeur.
Le vélo-club Jurassia de Bassecourt a été choisi pour organiser le Championnat suisse cycliste sur route professionnel de l'année dernière en 1949. L'animation créée par cet évènement nous a mis l'eau à la bouche. Lorsque vous saurez qu'en plus, mon meilleur copain est Camilo, le fils de Camille Piquerez, directeur de Stella, vous comprendrez que les vélos soient importants dans notre vie de gamins. Un virus bien implanté. Les vélos Stella qui organisent chaque année le Grand Prix portant son nom est en outre créateur d'une équipe de coureurs pro dont le Champion du monde sur piste, Oscar Plattner est le leader. Tout y est !...
Notre circuit ; Bassecourt-Glovelier-Boécourt-Bassecourt n'est certes pas comparable à celui de ces championnats. Pas de quoi décerner un grand prix de la montagne...mais il comptait pour nous comme une revanche sur nos ainés, particulièrement nos paternels. 
Et notre grand jour est arrivé.
L'ami Noël a puisé dans les stocks de son paternel pour construire le stand de départ et d'arrivée : table du Jury, portique avec banderole, présentoir pour la planche des prix, etc.
Il est 13h05 lorsque je retrouve Roger dit "le Rodge". Il est nonchalamment assis sur le rebord de la petite fontaine devant chez "Le Burtin", juste en face de la villa Piquerez, résidence de "Camilo". J'ai avalé le repas de midi à grande vitesse pour filer rapidement. Sans échapper aux recommandations paternelles. Je cherche des yeux mon deuxième compère, sans qui rien n'est possible. Roger hausse les épaules, tire sur sa clope et lâche laconique:
- Pas vu...
Pas très causant l'ami Roger mais terriblement efficace. C'est lui qui dépanne, répare et met en route projecteurs de cinéma et autres lanternes magiques. Tout l'hiver nous animons nos après-midi dominicaux par des projections de films et d'images dont il est le grand instigateur.
L'as de la bricole et mordu de ciné, n'est pas vraiment inquiet du retard de Camilo. Pourtant, sans lui,notre organisation du jour est vraiment compromise.. Il est le pourvoyeur de la planche des prix.
13h15, aucun bruit, aucun mouvement en provenance de sa villa. Blottie derrière son rideau de thuyas et de saules pleureurs rien ne permet de penser que des gens y sont présents.. Nono, à quelques centaines de mètres avec le reste de l'équipe, commence sûrement à s'inquiéter. Pour sûre l'organisation de nos petites séances de projection de cet hiver nous ont causées moins de tracas. Deux ou trois films de Laurel et Hardy, Beaucitron inventeur ou Charlot, le projecteur Pathé Baby manuel et pour 50 centimes, nous réjouissons les copains durant des heures.
L'arrivée de notre copain coupe court à mes pensées. Il est 13h25...
- Catastrophe les gars!...j'ai du dîner chez tante Olga et en plus ma mère a bouclé la maison.
Nous nous regardons atterrés. La planche des prix, moteur de notre manifestation se trouve précisément dans sa maison. 
Les habitudes dominicales de la famille Piquerez, qui déjeune dimanche après dimanche en ville de Bâle, nous laisse les coudées franches pour occuper la maison durant leur absence. Le train électrique en réseau est génial tout comme la cave du père Camille. Véritable caverne d'Ali Baba. Nous y trouvons tout ce que les modestes revenus de nos parents respectifs ne peuvent nous procurer. Camilo nous organise alors un "pic-nique" épicurien autant que gargantuesque.
Après quelques beaux festins, les parents de Camilo ont sans doute flairé la combine.. Devant le refus obstiné de ce dernier de les accompagner au restaurant, ils ont exigé qu'il mange chez Tante Olga, la soeur de papa. En plus la maison est carrément bouclée.
Coincés nous sommes. Nous faisons tout de même un ultime tour de maison...bien nous en prend. Au premier étage, une petite fenêtre, celle des toilettes à peine entre baillée. Ouf!...- D'accord, mais c'est à plus de 4 mètres du sol et... on a pas d'échelle !
- Je connais une échelle, amenez-vous les gars.
En face, juste devant la Caisse d'épargne, une petite remise de jardin, accrochée sur la façade côté rue, juste au-dessus du mur : l'échelle... Un jeu d'enfant.
Roger, en parfait monte en l'air, a tôt fait de pousser la petite fenêtre et plonge, tête la première dans...la cuvette des WC. Pas de plouf mais un bon juron bien senti (hum!), on se marre.
Après c'est plus facile, les portes s'ouvrent. On replace l'échelle sur ses crochets et place à la visite de cave. Rapide et efficace. Il ne reste que 15 minutes avant le départ. On fonce les bras chargés.
Sur la ligne de départ, la bande des copains passe de l'inquiétude à l'euphorie.Sans le savoir, Stella participe à la course. Sponsor involontaire ? Juste retour des choses : les vélos sont de Stella...Pub !
Prêt pour le départ, le parc est plutôt dépareillé et hétéroclite. Du super course au vélo de tante Marie, du double dérailleur au pignon fixe, il y a tout. Pour certains, il faudra appuyer pour rejoindre la ligne d'arrivée. Mais les valeurs sont établies et le palmarès devrait être sans surprise. Ou presque. Le seul à disposer d'un engin adapté, c'est bien entendu Camilo. Il caracolera sur son super compétition. Cadeau récent de papa. Du coup, il me cède son Aero Stella. J'ai des chances de figurer dans les cinq premiers.
Une belle poignée de spectateur assistent au coup de pistolet (à bouchon) qui donne le départ.
C'est parti,, la rue de l'Abbé Monnin, la fontaine de l'école, on tourne à gauche. Attention : premiers pavés, passage à niveau de l'église, virage serré à droite pour enfiler la rue du Prayé, ma rue. Au 34, mon père, surpris secoue la tête en me voyant, il rit.
L'usine Ruedin, le petit pont sur la Sorne. Deuxième passage à niveau. Ouvert. A partir de la chapelle St. Hubert, prudence ! Nous roulons sur la route cantonale qui nous amènera à Glovelier. Le troisième passage à niveau est également ouvert. La garde barrière nous salue amicalement.
Bouby, Camilo en l'occurence est déjà hors de vue. Le peloton s'étire. Les énormes piles de traverses en bois de la Röthlisberger nous escortent jusqu'à la cheminée en briques rouges qui marque l'extrémité Ouest de l'entreprise
C'est le moment que choisit mon dérailleur pour "sauter". Mes deux copains "Mélasse" et "Napo" s'envolent. Pendant que je me bats avec ma chaîne qui refuse de rejoindre ses pignons, trois concurrents me filent devant le nez...Un kilomètre plus loin, bonne surprise pour moi : le quatrième passage à niveau retient derrière ses barrières baissées tous les copains qui m'attendent. On se regarde et on éclate de rire. On repart. Depuis la sortie de Boécourt village, c'est tout en descente pour rejoindre Bassecourt et la ligne d'arrivée. Quelques promeneurs nous regardent intrigués. Malgré nos dossards nous n'avons pas vraiment l'air de coureurs.
Je caracole en 6éme position. Je dois gagner 2 places, le prix que je convoite est à ce classement.
A 20 mètres derrière Pierrot, je le vois soudain faire un écart. Il se rattrape de justesse, évitant la chute sur le petit pont du premier Biefs. Je l'évite de justesse. Le compteur logé dans le cadre de mon Aéro Stella, indique 36 km/h. Deuxième Biefs, ces deux ruisseaux à écrevisses coulent de Glovelier vers la sortie Est de Bassecourt. Pierrot ne revient pas. Son dérailleur a sauté aussi. Nous longeons maintenant le "Village Nègre", entrée dans Bassecourt. Le virage de la Croix-Blanche.
Attention, une voiture!...elle s'arrête pour laisser priorité aux  champions. Merci. Nous enfilons la rue du colonel Hoffmeyer, le pont de la Couronne, le magasin des parents de Bébert Keller, 300 mètres ceux de Roger tous nous regardent surpris. Pensez,le petit qui pédale comme un dératé. Plus habitué à nous trouver occupés par nos projections cinématographiques que dans un peloton cycliste. Dernier virage, dernier effort. La banque, l'échelle qui me nargue. J'ai les mollets en bois. Je ne serai jamais coureur cycliste.
Horreur, je suis toujours cinquième, non : pas les cigares !...Il faudra sprinter pour les pêches au sirop. J n'y arrive pas, tant pis ce sera les cigares.
Dans le délire de la ligne d'arrivée, je conserve ma cinquième place. Camilo qui depuis longtemps a franchit la ligne, à l'air de bien se marrer. Il procède à la remise des prix et avec un clin d'oeil me remet sentencieusement ...les pêches au sirop.
Je suis content.
Heureux temps ou les routes nous appartenaient, sans interventions policières ou municipales. 
Dimanche prochain, nous irons au cinoche, à l'Appolo de Delémont. En fraude bien entendu, nous n'avons pas encore l'âge requis.
Nous nous sommes revus en 1989, à la Petite Joux. Trop brièvement pour évoquer ces souvenirs.
Tchao Bouby, mes amitiés.

jeudi 17 mai 2018

Les "Vieux".


Ce qui est terrible quand on est "vieux", c'est que l'on est condamné à accepter tout ce que l'on nous dit...
Dans tous les domaines, c'est pareil ! Les promesses sont comme les allumettes de Bengale, un beau feu et puis ...Pschitt...adieu. Pour nous qui les subissons, c'est assez incompréhensible et toujours vexant. Vous émettez un souhait, un voeux, un simple désir et la suite est le plus souvent désobligeante, voire vexante et démontre la plupart du temps l'incompréhension qu'ils engendrent. Rares sont les interlocuteurs qui font plus que prêter une oreille distraite à vos revendications. La routine , les habitudes, le stress qui anime tout un chacun ont vite fait de balayer les meilleures intentions. Le temps d'écouter et de réagir correctement se fait plus que rare. Je crois que la plupart d'entre nous, oublie le principal de sa motivation pour glisser vers la facilité. Ce mode de culture est devenu la règle. Entretenu par les nécessités de la vie trépidante que nous avons beaucoup de mal à gérer, nous oublions trop de "basic". La compréhension, la patience, la politesse, le bon usage et l'approche de l'autre sont devenus ringards, dirait-t-on. Seul prévaut la satisfaction personnelle. Je me demande ce qu'est la réflexion le soir en rentrant chez lui, de celui qui dans toute sa journée ne possède comme bilan que ses petits succès, la jouissance de son pouvoir, l'abus parfois de sa position dominante. A la question : comment ais-je utilisé mes compétences, peut-il répondre, oui au profit des autres ?...
Les "vieux" ne demande qu'un peu d'intérêt, des temps d'écoute, de la compréhension de leur situation, une prise en compte autre qu'enfantine. Même dans le langage on les traite à part. Les phrases toutes faites, les gestes robotisés, sont parfois très mal accepté. Mais voilà, ces "vieux" ont parfois perdu la capacité ou la volonté de se rebiffer. Pour éviter de faire des vagues, ils acceptent tout. Combien de fois ais-je entendu dire:
- Oui, mais on a besoin d'eux ! On préfère ne rien dire...
La chose la plus importante qui en résulte, c'est le gain que procure cette manne. Une exploitation de plus en plus évidente du troisième âge est un constat actuel. La plupart de ceux qui en sont tributaire sont des humains qui ont travaillé toute leur vie, parfois durement. Rares sont ceux qui en on tiré des avantages persistants. Alors vous "Mesdames et Messieurs"qui tirez les ficelles, pensez seulement que votre tour viendra, essayez de présenter un bilan positif lorsque viendra votre heure. "Un vieux"

mercredi 16 mai 2018

Mes sorcières préférées.

 Cette fois, ça marche...
Sans accrocs je peux rétablir la com avec vous qui allez participer dorénavant à mes échanges épistolaires. Je crois avoir pas mal de chose à faire partager et me réjouis que vous y participiez.
Les contes du passé sont une de mes marottes. Ma maman qui fut enseignante, institutrice comme on disait alors, m'en a souvent conté.
L'un d'entre eux retenait particulièrement mon attention. Je me suis efforcé de le rédiger au plus près de mon souvenir et vous le propose comme je l'ai interprété.

Le retour de Bâle.

Cela se passe au 19ème, une époque ou la vie était faite de labeurs et de croyances que l'on a depuis longtemps oubliés. Les "Djnaches" occupaient les réunions de famille hivernales. Alors tous autour du feu de la cheminée, nous tremblions aux méfaits et aux mésaventures de ses personnages qui peuplaient la vie quotidienne autant que les imaginations.
Hors, ce soir là , en ce milieu du 19ème, le Jura est territoire du canton de Berne. Situé à son extrémité Nord-Est, il est frontalier avec l'Alsace à l'Est et la Franche Comté à l'Ouest. La vie s'écoule au fil des saisons entre les travaux des champs et de timides ébauches d'industrialisation. Les paysans horlogers font petit à petit leur apparition. Toutefois, les communes tirent le principal de leurs revenus de l'exploitation des forêts et partant du commerce du bois. Le bois de papier est un débouché non négligeable de cette activité forestière. Si les scieries bordent les cours d'eau, telle la Sorne par exemple, les équipements de transformation en papier sont situés au-delà des limites jurassiennes. La matière première est souvent acheminée vers le port fluvial de Bâle et transportée par le Rhin vers l'étranger. L'Allemagne principalement.Ces transports se font au moyen de charrois lourds et solides, tirés par des chevaux et confiés à des voituriers.
La route de Delémont à Bâle est longue d'environs 50 km. Son tracé, longe la Birse, rivière venant de Moutier et qui à l'entrée de Delémont bifurque vers l'est et s'en va rejoindre le Rhin près de la ville rhénane. La marine suisse ancrée dans ce port, achemine alors sur ses péniches et bateaux les bois et quantité d'autres marchandises.
Les chars à ridelles ou échelles, utilisés pour ces transports, sont parfois plus lourds que le chargement lui-même. A l'aller comme au retour à vide, la tâche est difficile et rude pour bêtes et gens. Les chevaux de traits utilisés, sont de solides percherons travaillant souvent en couple voir en attelage triple. La main de fer du conducteur est nécessaire pour driver et conduire à bien ce transport et ce, d'autant que l'état des routes laisse nettement à désirer. 
La proximité de la rivière,ses débordements  saisonniers, les petits défilés très ombragés et les gorges qui jalonnent le parcours, ajoutés au poids des convois ne laissent pas la chaussée au mieux. Le revêtement de pierre et de sable, parfois soutenu par des souches de chêne, se creuse rapidement et met en péril l'équilibre d'un chargement mal arrimé.
En ce jour de décembre 18.., l'attelage du père Wolf peine sur la route du retour. Bien que à vide, le convoi progresse avec difficultés. La route est verglacée et de nombreuses plaques de neige sont accumulées dans les endroits ou le soleil de la journée n'a pu les atteindre. La neige cette année fait une apparition prématurée et Noël s'annonce "blanc".
Le charretier a prit le parti de marcher à côté de son attelage. Il peut ainsi intervenir avec plus de rapidité en cas de besoin.
Le souvenir de la dernière halte à l'Auberge de Liesberg, s'estompe et les effets du vin chaud et de la Damassine ne font plus le poids face à la bise insidieuse et glaciale qui sévit dans le défilé de "Sous le Vorbourg". Sur son éperon rocheux, dominant la forêt, la Chapelle dédiées aux apparitions de la Vierge, rejoint peu à peu l'obscurité. Le dernier hameau traversé, Soyhières, vient de disparaître, happé par le virage à droite qui a encore rapproché la route de la rivière.
A 15 km de chez lui, le charretier se sent bien seul. Les deux jours de ce voyage ont été éreintants. Tout comme les deux chevaux, il peine dans les ornières de plus en plus profondes et envahies par une neige qui commence à durcir avec la chute de température. Il se prend à rêver de ce chemin de fer dont on parle de plus en plus et qui relierait Delémont à Bâle.
Ah...si ces propriétaires terriens, tous opposés à cette évolution, devaient se farcir ces trajets hebdomadaires, ils réfléchiraient différemment à coup sûre ! Mais le projet menace de couper leurs terres , leurs propriétés ou leurs domaines en deux voire en plusieurs parcelles par la création de la voie ferrée...Alors ? Il pense surtout a Errard de Bassecourt qui a déjà porté l'affaire devant les tribunaux et qui refuse de voir fractionné un domaine dont il faut actuellement une journée à cheval pour en faire le tour.
...une brusque glissade de l'étalon à droite de l'attelage, le tire de sa rêverie. Aussitôt, il se porte à la tête de Zéphir et saisissant le licol, l'aide à se rétablir.
La transpiration des deux bêtes forme un véritable nuage de condensation qui donne dans le jour finissant, une aura d'irréalité.
Le père Wolf, remonte le cache-col de sa pelisse et donne de la voix pour stimuler son équipage qui peine dans le petit raidillon abordé avec difficulté. Sur la gauche, la Birse qui vient de recevoir les eaux de son affluent Vadais, "La Sorne", roule ses flots entre les rochers. Son ronflement est avec l'arrivée de la nuit, le seul repère jusqu'à Delémont.
Prudent, le voiturier garde   en réserve son brûlot, accroché aux ridelles du char, il servira pour la fin du trajet. Entre Delémont et Bassecourt, par la Lovaire, il ne bénéficiera plus d'aucun points pour se guider et ce soir, la lune n'est pas présente pour l'aider. La lueur ténue de son bidon rempli de braises rougeoyantes, sera sa seule source et de chaleur et d'éclairage. L'anse bien entouré d'un chiffon épais lui permettra de s'en servir comme d'une mince torche dans la nuit.
Soudain, les sabots des deux chevaux glissent et dérapent en même temps. Zéphir, l'étalon met même les genoux au sol. Surpris le conducteur, dans un premier réflexe, fait claquer son fouet. L'attelage s'est arrêté net...  Se rendant compte que quelque chose de bizarre se passe, il remonte rapidement à la tête de ses chevaux. Saisissant à nouveau le licol de la jument Saba, il relance du geste et de la voix ses percherons.. Bien qu'arcboutés sur leurs pattes, ils n'arrivent pas à ébranler le convoi.
Totalement déboussolé, le père Wolf louche vers la cognée qui, attachée sur le côté du char, l'accompagne dans tous ses voyages. Après une courte hésitation, il s'en saisit et, dans un geste de protection, allume le brûlot. Ainsi équipé et plus ou moins rassuré, il fait le tour du gros véhicule et l'inspecte à la lueur vacillante de la torche improvisée. Aussitôt à sa droite, la forêt toute proche, s'anime et prend des allures d'irréalités. Passant par l'arrière pour ne pas effrayer ses bêtes toujours un peu cabrées, il fait lentement le tour du charroi. Arrivé à hauteur de la roue arrière droite, il a vaguement l'impression d'une présence. Dans un mouvement de peur et de protection, il lève la puissante hache devant son visage. Son rythme cardiaque grimpe, une bouffée d'adrénaline le submerge... il a la trouille de sa vie. Cependant aucune présence ne se manifeste, mais les chevaux sont de plus en plus nerveux. Pour se rassurer, il lâche une bordée de jurons bien sentis tout en se repliant vers l'avant, vers ses chevaux.
- Holà...holà...tout doux, tout doux !
- Calme mes beaux , calmes.              
Se calmant un peu lui-même, il remet la cognée à sa place entre les barreaux et reprend ses deux bêtes en main, par le licol pour tenter de les faire avancer. Mais les gros yeux de ceux-ci, semblent vouloir lui délivrer un message qu'il ne comprend pas.
Une rafale de vent plus forte, incongrue et totalement imprévisible, attise le brûlot qu'il a conservé dans sa main gauche, attisant et provoquant un appel de flamme qui lui fait lâcher prise. Les braises incandescentes se rependent sur le sol, roulant entre les pattes des chevaux. Malgré le lourd timon qui les unit, ils se cabrent sur les pattes arrières, bousculant l'homme qui manque de peu être piétiné.
Franchement affolé cette fois, il se rue sur sa hache, l'empoigne à pleines mains, courant et trébuchant il refait le tour de l'attelage , arrivé à hauteur de la roue arrière droite, il abat avec un cri terrible le tranchant de l'instrument, fracassant net un rayon de bois de la roue.
Un cri encore plus terrible lui fait écho. Un cri qui fait trembler la forêt toute entière, réveillant chouettes, hulottes et chauve-souris qui s'enfuient dans un frou-frou d'ailes affolées.Et dans le bois frémissant de la course de tous ses habitants, à la lueur de son brasier qui termine de se consumer au sol, l'homme éberlué voit une forme vaguement féminine, blanche et quasi transparente, s'enfuir entre les troncs. De sa main droite elle soutient son avant-bras gauche et le père Wolf le jurera : un flot de sang s'échappe de ce moignon, tranché au ras du poignet...
Ses nerfs le trahissent et il glisse au sol. Adossé à la grosse roue fracassée, il voit la forme blanche disparaître dans les buissons.       

vendredi 11 mai 2018

Une nuit pour la fin d'un siècle...

source de l'image

Millénium.
Ou les derniers pas vers l’An 2000



Le compte à rebours et l’égrènement des fuseaux va démarrer dans quelques minutes. Un premier flash précède ce démarrage :

- la démission de Boris  Eltsine, avant la fin de son mandat !

Ici c’est gris-Charentes-Maritimes et pourtant ce ne sont plus les grands arbres du verger qui nous coupent du soleil car la récente tempête les à mis bas définitivement à Noël… Si nous avions été épargnés tout au long de cette année 1999, le temps s’est bien rattrapé, en une seule nuit, le bazar fut total. Une semaine qui a marqué cette fin de millénaire. Tempête, marées noires et inondations ne maintiennent guère le pouvoir facétieux de cette ultime semaine du siècle.

- Peggy Bouchet, à la rame sur l’Atlantique est à 4 jours d’atteindre son but du côté des Antilles.

- Tentative  de record par hélico « Le vol du Millénaire », pour la retransmission  ininterrompue d’images . Henri Pescarolo aux manettes pour 100 heures sans se poser.

Petite pause pour faire le dernier pain maison du siècle !...

 - Premier passage à l’An 2000, il nous vient de Tonga, 11h00 du matin GMT.
Je quitte la première chaîne et son « parisianisme » indécrottable pour suivre cette entrés de 2000 sur France TV, la 2.

Sur cette chaîne on accorde le temps nécessaire à la découverte des us et coutumes du Tanga. Un peu plus émoustillant que le sourire du chef Bernard Loiseau : faux pourfendeur de la cuisine du saucisson et toujours prêt à nous faire prendre ses vessies pour des lanternes.

Vive les Tongiens !
Lucie, la grand mère, découverte sur ces terres en 1974 est le trait d’union entre les espèces terrestres qui, de plus en plus de chercheurs s’y accrochent,serait le trait d’union entre le singe et l’homme. Constatation effectuée sur les vestiges de sa colonne vertébrale. Mi-chemin entre le « marchant » et le « grimpant ». Mensurations : 1 m de hauteur pour 25 kg. Découvreur Yves Coppin. Merci l’Ethiopie d’avoir conservé ce témoignage jusqu’à cette entrée dans le 21° siècles.

- Deuxième passage historique : Aukland en Nouvelle Zélande.

La nous assistons à la rencontre entre Patrick Baudry et son homologue russe, Alexei Ivanov, les hommes de l’espace qui se heurtent à des Tongiens qui sortent de l’archaïsme, on ne pouvait mieux situer les paradoxes de cette fin de siècle.

- Les premiers mariés de l’An 2000 sont à Château Island.

- Personnage incontesté de l’actualité française, Bernard Tapie une fois de plus sur le millénium, bravo Nanard…

- L’extraordinaire perspective des Champs , revue et corrigée par les roues de l’avenir dressées tout au long de son déroulement et close par la plus grande de toutes. Montée perpendiculairement à la rue, elle sera une des grandes attractions de ce passage de siècle.

En attendant le passage de Wallis et Futuna, premier territoire français à franchir le pas…faux diront les archivistes puisqu’une erreur de 6 ans se serait glissée dans la datation de la naissance du Christ, départ de notre calendrier. Affirmée par un moine chercheur du VI siècle ?...On serait alors au seuil de l’An 2006…

- Quelques jours après la tempête et 12 heures avant le nouveau siècle, l’apprivoiseur du temps Gillot s’est empêtré et est monté vers ses chers nuages d'où il contemplera le plus grand panorama que tous les satellites météo ne lui auront jamais offerts.

- L’An 2000 s’étale et gagne l’ensemble de l’hémisphère Sud pour nous dévoiler Sydney et son énorme  feu d’artifice qui éclatera à minuit local. Puis la Calédonie, suivie de l’est de la Russie qui à elle seule compte 11 fuseaux horaires, soit 11 Nouvel An.
Japon, Corée, Hong Kong et maintenant Pékin  qui tente d’effacer les traces du baffouage des droits de l’homme à Tian'amnen par des danses et des feux prestigieux, tous à leur tour changent de millésime.

Pour ce dernier soir, le soleil se couche maintenant sur Paris.

- Manille à son tour termine sous le charme de Julie Lescaut, alias Véronique Genest. Miracle de la télé de pouvoir suivre cette arrivée d’un événement qui a tenu en haleine les capitales du monde entier, pour des motifs différents.

- On passe maintenant à Taïwan qui se raccroche à l’espoir de vivre ce nouveau siècle hors du giron chinois populaire. Un Abbé à Rome, successeur de Pierre, s’efforce de se faire entendre avant que ce siècle ne lui ferme ses portes. Retour de Béthléem, sa fête est toute intérieure, baignée par les paroles de la chanson pour Emmaüs que lui murmure le compositeur. Très belle chanson de Jean-Louis.

En 8 heures le tiers de la planète a franchit le cap.

Mon dernier pain du siècle est cuit.

- Notre petit Réveillon ; foie gras, salade de mâche, rôti aux cèpes, pâtes d’Alsace, tourte aux mirabelles…avec un coup de Neuchâtel ! ...

Durant ces quelques heures nous avons vu et vécu Moscou, Berlin, Genève et son sablier qui nous a amené tout doucement à l’embrasement fastueux de la Tour Eiffel. Point culminant du siècle français. Puis c’est la Tamise qui a donné le ton en déroulant un superbe rouleau de feu.

Paris et ses roues de fête foraine, Carcassonne et ses 600 ans d’histoire, le raté marseillais qui a un instant fait gronder la France, Strasbourg et ses casseurs de voitures, des feux partout sur les remparts fortifiés aux pieds des monuments historiques. Un embrasement planétaire qui, pour quelques heures au moins, mettra des lumières sur les nids à misère de la planète.

Ce matin, après ces quelques heures de répit, tout reprend ses allures de quotidien et je me rends compte que je n’ai même pas pris de bonnes résolutions…

mardi 1 mai 2018

Jour j-...

Dans l'ombre de ma cuisine je mijote le premier plat qui lancera ce blog...


Patience... Première vertu de l'âge.