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mardi 12 juin 2018

Adieu la vieille blanche...

En arrivant en Ardèche, la maison louée à Montmagnon nous réserve une surprise. La présence devant nos fenêtre d'une petite troupe de chevaux de type camarguais. Vivant à l'extérieur toute l'année, sous les averses de pluie ou de neige, inlassablement ils parcourent des centaines de mètres carrés de pâture. Depuis 2 ans une jeune pouliche est venue compléter le groupe qui comporte la jument mère de cette troupe et 3 générations successives. Très familiers, les 5 bêtes sont souvent prés de notre enclos pour quémander caresses et nourriture. Ils font partie du paysage et leur présence n'a plus rien de surprenant.
Ce matin d'Automne, notre réveil est accompagné d'une curieuse plainte, venue de l'extérieur...
Nous approchant des fenêtres au sud, ouvrant sur la campagne, nous apercevons à quelques 300 mètres, 4 des cinq chevaux en arrêt au sommet d'un petit repli de terrain. Orientés vers la déclivité ce sont eux qui exhalent cette plainte lancinante qui nous a intriguée. Après une ou deux minutes et constatant que rien ne se produit, nous alertons notre propriétaire qui est aussi celui du troupeau. Le père Louis, se rend vers les bêtes toujours dans la même disposition. Il disparait à nos yeux absorbé par le repli du terrain et resurgit pour se diriger vers nous.
- C'est la jument, nous lâche-t-il dans son essoufflement. Elle est morte dans le talus  au bas du champ. Je vais m'en occuper.
Le reste de la troupe n'a pas bougé mais les hennissements du départ, ont nettement diminués.
Quelques minutes et Louis revient avec son fils sur le tracteur de celui-ci. Ils se rendent vers les lieux et peu de temps plus tard, sortent la jument, attachée par une corde au cul du tracteur. Dans cet équipage, il traîne le cadavre sur les 500 mètres qui le sépare de la route du village.  Les 4 chevaux sont maintenant rangés en bordure de route, immobiles.
Moins de 30 minutes plus tard, s'arrête le camion de l'abattoir. Le corps de la bête est alors chargé dans le véhicule qui l'emportera vers le lieu de l'équarissage. Durant toute la durée des opérations, le groupe est demeuré figé, spectateur de l'évènement. Plus aucun hennissement n'a été perçu. Le camion s'éloigne et dans la minute qui suit le groupe de chevaux, fait demi tour et reprend sa place dans son pâturage...
Nous sommes demeurés perplexes et presque émus de ce que nous venions de vivre. Il s'est dégagé de cet épisode un tel degré "d'humanité" que nous en avons souvent évoqué le caractère émotionnel.
C'était vraiment touchant et surprenant.

lundi 11 juin 2018

En ces temps là, le bois...

C'était au temps pas si lointain ou la Bourgeoisie de Bassecourt, possédait les clés du coffre, Mon grand père Simon étai aussi citoyen bourgeois de la commune. A ce titre il percevait comme tout un chacun dan cette situation, des gaubes. Largement propriétaire des forêts environnantes la répartition par tirage au sort des 8 stères par ayant-droit était totalement le fruit du hasard.
Mon grand père que je n'ai pas connu, est un homme des bois et il profite de chaque occasion pour parcourir ces forêts de Bassecourt dont en qualité de bourgeois des lieux, il se sent un peu propriétaire. Il vient de recevoir le dernier tirage de son lot de bois de feu. L'année tire à sa fin et en attendant le petit pécule de env. 100.- qui complète son droit, il prend en main la recherche de ses piles définies sur le bon de tirage. Le bois fait partie des coupes que les bûcherons ont pratiqués et les piles calibrées sont empilées sur les lieux même de leur abattage. Le secteur et les numéros des stères figurent sur les bons de répartition.
Le lot de Joseph Simon se situe sur le flanc sud de la commune. Il connait bien ce secteur de la Côte de la Chaud, aux trois barrières. Il sait déjà que la quête et le repérage seront difficiles. Ce matin de novembre, comme toujours à cette époque de l'année, le temps du Jura est maussade, gris et humide. Il n'hésite pas a se couvrir de sa grosse pelisse, chausse ses meilleures bottes pour se lancer dans sa recherche. Il prévient Marie son épouse que cela pourrait être très long et fastidieux. Munis de son bâton ferré, il quitte la douceur du foyer. Une petite heure de marche l'amène sur les lieux présumés. Un groupe de forestiers ne peut lui fournir plus de précisions sur le lieu de sa recherche. Toutefois quelques piles se profilent à une centaine de mètres. Il s'y dirige et constate que les numéros de ce lot sont assez éloignés de sa propre adjudication. Il choisit une direction plein Ouest et franchissant caniveaux et bosses, arrive sur une nouvelle coupe. Les premiers numéros relevés sont proches des siens. Persévérant,il finit par localiser une première partie de son lot. Il la marque de son signe et constate que le reste de celui-ci ne fait pas partie de cette coupe. Il peste contre ces choix délibérés de ne pas regrouper les lots par adjudication. Il faut alors déplacer le bois pour pouvoir en effectuer le chargement sur la plate-forme du voiturier. Qui est responsable de ce déplacement, le destinataire!...
Il finit par découvrir la deuxième partie de son lot. Comme il le redoutait, il est franchement paumé. Au delà d'un ravin rocheux à souhait. Bonjour le déplacement !
Il allait prendre  le chemin du retour, après marquage de ses stères, lorsqu'en se redressant, il aperçoit lovée aux pieds de la pile, une vipère inerte. A l'aide de son bâton ferrée, il titille le serpent. Sans réaction. Il accentue la pression, toujours rien. Il finit par soulever le reptile à la pointe de son bâton et ne suscite aucune réaction. Il estime alors que l'animal est mort et s'en saisit en entourant sa main du grand foulard qu'il porte autour du cou. Il enfourne le tout dans la poche extérieure de sa pelisse.
Il est largement passé midi lorsqu'il rentre chez lui. Grand-mère et ses filles sont déjà soucieuses de ce retard inhabituel. Toute la famille est assise autour de la table de cuisine et attend son chef pour commencer le repas.
Grand'père a retiré sa pelisse et déposé sur le coin de la table, le foulard et son contenu...il commence d'expliquer qu'il a découvert un objet qui devrait rendre service à son aînée, Mariette, l'institutrice...lorsque soudain un mouvement agite le morceau de tissus. Joseph comprend de suite et se précipite vers le fourneau à bois d'où grand-mère a déjà retiré la marmite du potage. Les flammes rougeoient dans le foyer ainsi à ciel ouvert, il saisit la pince à braises et avant que personne n'aient compris, il saisit le serpent avec la pince et se précipite vers les flammes. Il expose son trophée au-dessus du foyer. Après quelques tortillements la vipère pend inerte entre les mâchoires de l'engin, asphyxiée...
Les filles comprennent alors et éclatent en sanglots nerveux.
Je retrouverai cette vipère, baignant dans son bocal de formol, lors de mon entrée dans la classe de ma maman, trônant sur son pupitre. Elle fut un des sujets des heures de sciences naturelles pour beaucoup d'élèves de la classe de troisième tenue par ma maman Mariette.

Toujours des mots.

Cette fois je les ai noté. C'est curieux cette envie de décortiquer certains mots de la langue française. Mais elle existe bien.
Ce dernier: numismate.
Usité et connu, il m'est apparu soudain comme suspect. Envie de le regarder de plus près. Sa nature m'a ,un temps, été proche. A l'époque ou la monnaie suisse , dans ses valeurs dès 0,50 cts , est passée de l'argentage au cupronickel. La chasse aux pièces de 1 Fr, 2 Frs, 5 Frs et 0,50 Fr battait son plein. les dates d'émissions étaient le baromètre de ces valeurs. Vous pouviez ainsi vous retrouver avec une pièce de 2,- qui cotait plus de 150.- Comme je visitais les restaurants professionnellement, j'avais noués des relations avec quelques serveuses qui lors de mes passages me soumettaient la poche à monnaie de la journée.
Peu à peu l'engouement est  tombé, en même temps que les cotes. Il reste quelques reliquats de cette collecte dans une boîte à souvenir et la majeure partie fut utilisée ou revendue. Tout comme la philatélie, la notion de valeur se situe maintenant dans l'âge des pièces plutôt qu dans les prix des catalogues. La, par contre, c'est encore une de mes passions..

Le deuxième cas est "népotisme". Précédemment usité dans les religions, il est de plus en plus à la mode dans l'organisation de notre société. La réservation et la distribution des privilèges atteint dans la société actuelle, des notions d'institution.
Définition: abus de quelqu'un qui par sa position favorise le placement des gens de sa famille dans une hiérarchie. Papes et évêques du moyen âge en ont multiplié les exemples.


dimanche 3 juin 2018

04. juin 2018...

Un jour un peu particulier pour moi. Demain je vais entrer à l'hôpital de Delémont pour une adaptation de mon peace maker. Je ne sais en quoi cela consistera ?
Opération, simple complémentarité de l'existant ?
Comme trop souvent on ne nous explique rien, venez pour 16h30...
J'ai réservé le transport par la Croix rouge.

Roger W. ne pourra venir me dire bonjour, son état est trop grave pour un déplacement. Samedi j'ai rendu visite aux Stadelmann, M. est tristement diminuée, ils doivent renoncer un peu aux sorties et l'escalator de l'appartement lui permet encore de sortir. 

Je devrais aller consulter le livre d'or de la Confrérie dès que possible. Ils ont le chapitre au Tessin cette année.

Toutoune est passée me voir, elle réalise à Genève, un mur du jeu, assez séduisant. Ceci à côté du mur des Réformateurs. Inauguration dans 10 jours.


samedi 2 juin 2018

Le "Bistrot du mois".


Lorsque je suis arrivé sur les hauts des Ponts de Martel, ce jour d'avril 1987,le coup de foudre fut total et fulgurant. A la minute même, j'ai arrêté mon choix de vie pour les années à venir.
Après 25 ans de va et vient entre Suisse, France, Italie, Allemagne, Belgique et accessoirement le nouveau continent, ou USA, Mexique ou Canada m'ont entre-ouvert leur gastronomie. Après plus de 350 réalisations de cuisine de restaurants toutes catégories ou j'ai côtoyé des chefs de tout rang et de toute provenance. Des "Pros" sans passion et des amoureux inconditionnels de cet art qu'est la cuisine.
Après avoir essayé de manière très modeste de contribuer à l'édifice "Gastronomie" et créé mon propre concepte de restauration, j'ai ce jour-là eu l'envie de m'accorder un nouveau défi : passer de l'autre côté du fourneau !
Trois mois plus tard "La Petite Joux" ré ouvrait son coeur à ses anciens amoureux et aux nouveaux qui n'allaient pas tarder à succomber à ses charmes.
Pour la première fois cette ferme d'alpage à la longue histoire (construite en 1656) était un véritable restaurant. Restaurée et mises aux normes actuelles par le service des domaines de la ville de Neuchâtel (propriétaire du domaine des Joux offert par Louis d'Orléans a la cité pour avoir obtenu l'autorisation de prélever des troupes sur son territoire) la "Petite Joux" chère au coeur des Pontliers devait m'apporter les plus belles satisfactions de 1987 à 1991.
Lors de sa fermeture pour travaux, un de ses fans écrivit:
- "Petite Joux", toi qui nous a vu si souvent attablés devant un bon verre de blanc, nous avons de la peine à y croire que nous n'allons plus pouvoir rien y boire. 
Hélas, il faut bien se résigner...ce petit bistro sera bientôt fermé. Les locataires de ces lieux si doux ne pouvant plus supporter plus longtemps le joug de la ville de Neuchâtel qui, propriétaire, de réparations n'a jamais voulu faire. Ce n'est pas sans grande nostalgie que nous te verrons tomber en léthargie. Mais tous les habitués du lieu qui y ont passé des moments merveilleux, garderont de la famille Bähler, un souvenir reconnaissant et sincère.
Certains furieux, se sont juré de n'y plus revenir. La curiosité aidant, peu à peu nous avons a nouveau pu les compter dans nos rangs. C'est pour eux que j'ai répondu ceci:
- Tout ne fut pas perdu...
ta cause bien défendue
fais de toi, la belle ingénue 
qui sûrement n'a pas d'éplu.
Dans le climat recréé
de tes cloisons boisées,
tes nostalgiques admirateurs
ont retrouvés en toute splendeur
les joies non oubliées
de tes siècles passés.
Dans ton beau site inchangé
tu veilles pour l'éternité 
sur les têtes désormais enneigées
de tous tes chers "Vieux Pontliers"
Te voila sortie de ta léthargie
et au diable toutes les nostalgies
te voilà repartie pour toute une vie
et qui sait...peut être la belle vie.?
Mais même si le terrain était propice, la reconquête ne fut pas facile. Faire accepter une carte de restaurant en ces lieux ou chasseurs, promeneurs, randonneurs et locaux nostalgiques du folklore qui présidait au passé maison, fut plutôt ardu.
Lorsque je proposais mes idées: buffet dominical, menus du jour et autres assiettes jardinières...je m'entendais répondre: côtelettes-frites, saucisses, fondues etc... 
Alors j'ai décidé de m'accrocher à mes idées.
Mon premier buffet du dimanche midi, ne vit qu'un seul client qui se régala et se désola... d'être le seul à en bénéficier.
Six mois plus tard, les buffets à thème faisaient le plein tous les dimanches et je n'ai jamais produit la moindre frite...avantageusement remplacées par les roestis maison.
J'ai également joué la diversité tant dans les menus du jour que dans la carte..

vendredi 1 juin 2018

...ils sont arrivés...

 
...tristes et dépenaillés, à pieds, à cheval ou en voitures. Ils venaient de passer la main...
Cela ressemble aux paroles d'une chanson. Mais ce n'est pas une chanson car cette horde n'a plus d'ode. Après la drôle de guerre ils fuient presque fantômes, une guerre éclair.
Poursuivis, talonnés, traqués, désemparés, acculés, la mort dans l'âme, ils ont franchi leur rubicond.
Après avoir tout emmené, tout raflé sur le chemin de la terre brûlée, la rage de la destruction au ventre, ils sont arrivés transis, pitoyables, anéantis, débarqués, démoralisés, désarmés à nos frontières ou l'on a rendu leurs armes inutilisables ; mais étaient-t-elles utiles. Leurs chars de guerre, alignés comme à la parade, leur ont fait une dernière haie, mais pour quels honneurs ?
Le peu qu'ils ont conservé, ils le distribueront tout au long du harassant cortège qui les emmènera d'écoles en églises vers un destin qu'eux seuls ignoraient: les Camps de la défaite.
Le Jura les a vus, les a reçus. Mais que sont-ils devenus ?
Français, polonais, spahis, mêlés mais jamais mélangés, ils ont vécu la même et terrible grande désillusion. Ils se sentaient trahis, abandonnés. A travers chocolat et bonbons dont ils remplissaient nos poches et nos bouches, a travers les armes, casques et autres vestiges de leur vain combat, que nos parents recueillaient, ont-ils un instant caressé l'espoir d'accéder à une nouvelle considération ?
Eux, les battus de la première heure, ont-ils obtenu leur revanche des armes ?
Les gamins que nous étions, plantés sur le bord de leur route, évoquait tout ce qu'ils laissaient derrière eux et les larmes qu'ils essuyaient furtivement en nous glissant une tablette de chocolat, avaient des origines que nous ne comprîmes que beaucoup plus tard.
Spahis, aussi blanc que vos destriers, dans vos grands manteaux, fantassins, artilleurs, gris comme vos uniformes, juchés tout la haut sur vos carrioles et vos remorques d'artilleries; vous avez marqué ma vie et le Jura de 1940.

Le mot de la nuit...


A 2 h du matin, il éclate tout doré sur l'écran noir de ma nuit qui en devient blanche !
Je le considère comme important et décide de lui consacrer un moment. Mais , il m'échappe, fuit, je cours derrière...
Ce matin encore il ne revient pas. Pourtant c'est un de ces mots que l'on utilise tellement. Il peut exprimer tout et son contraire. Il permet de découvrir ou de cacher, toutes les vicissitudes de la vie. On l'utilise pour des banalités comme pour les moments importants. Un grand projet ? il surgit pour le promouvoir, le maintenir  en permanence dans l'esprit, le nourrir et pourquoi pas, le faire aboutir.
Mais il servira aussi à excuser le non aboutissement de la chose. Il nous mènera par le bout du nez, loin de la réalité qu'il nous masquera. C'est un de ces mots qui s'utilise sous couvert. Pas vraiment secret mais commun au point de se faire oublier. De par sa consonance, il fait partie d'une grande famille, disparate mais évocatrice. Allez, tu me reviens. Je voudrais bien t'accorder. Tu fais partie de mon vocabulaire, comme de celui de tout un chacun...
Quand je t'utilise, c'est que j'ai quelque chose à exposer, à promouvoir ou...à cacher. Un évènement survient, tu est à ma portée et tu sais l'exprimer. Tu peux me servir d'alibi ou de justificatif. Que tu es pratique!...
Malgré le recul je ne t'ai pas retrouvé...je te conserve ta place ici même, pour des temps meilleurs.

Pauvre cuisine.


Une fois de plus, un repas sans aucune saveur, je dirais même plus sans aucun goût: Relevé par plusieurs résidents. Je le transmets au chef : haussement d'épaule.Je constate que l'on nous sert de plus en plus de préparations industrielles, surgelées et autres. On m'avait annoncé une plus grande coopération avec le commerce local, notamment avec la boucherie. C'est une telle réalité que le boucher en question se pose la question de savoir si notre home  est devenu végétarien ? Compte tenu de la baisse des achats de viande enregistrée.

J'enregistre de plus en plus de déclarations spontanées sur la qualité des repas.
Pour ma part, je constate également une nette baisse de la qualité des achats de produits. Je n'ai jamais revendiqué une nourriture gastronomique ni même adaptée à mes goûts personnels, mais le moment du repas n'est pas que se remplir l'estomac, mais prendre du plaisir à s'alimenter, tout simplement.
Il semble que cette notion ne soit pas celle adoptée par nos cuisiniers.
J'aimerais tellement reconnaître leurs mérites et les en féliciter. Mais je dois admettre et ce sans aucune prétention, qu'ils ne feraient pas long feu dans ma brigade !
Juste encore une remarque: cessez d'utiliser des noms évocateurs pour présenter des banalités ou des provenances usurpées.
Avec tous mes regrets professionnels.