Rechercher dans ce blog

lundi 11 juin 2018

En ces temps là, le bois...

C'était au temps pas si lointain ou la Bourgeoisie de Bassecourt, possédait les clés du coffre, Mon grand père Simon étai aussi citoyen bourgeois de la commune. A ce titre il percevait comme tout un chacun dan cette situation, des gaubes. Largement propriétaire des forêts environnantes la répartition par tirage au sort des 8 stères par ayant-droit était totalement le fruit du hasard.
Mon grand père que je n'ai pas connu, est un homme des bois et il profite de chaque occasion pour parcourir ces forêts de Bassecourt dont en qualité de bourgeois des lieux, il se sent un peu propriétaire. Il vient de recevoir le dernier tirage de son lot de bois de feu. L'année tire à sa fin et en attendant le petit pécule de env. 100.- qui complète son droit, il prend en main la recherche de ses piles définies sur le bon de tirage. Le bois fait partie des coupes que les bûcherons ont pratiqués et les piles calibrées sont empilées sur les lieux même de leur abattage. Le secteur et les numéros des stères figurent sur les bons de répartition.
Le lot de Joseph Simon se situe sur le flanc sud de la commune. Il connait bien ce secteur de la Côte de la Chaud, aux trois barrières. Il sait déjà que la quête et le repérage seront difficiles. Ce matin de novembre, comme toujours à cette époque de l'année, le temps du Jura est maussade, gris et humide. Il n'hésite pas a se couvrir de sa grosse pelisse, chausse ses meilleures bottes pour se lancer dans sa recherche. Il prévient Marie son épouse que cela pourrait être très long et fastidieux. Munis de son bâton ferré, il quitte la douceur du foyer. Une petite heure de marche l'amène sur les lieux présumés. Un groupe de forestiers ne peut lui fournir plus de précisions sur le lieu de sa recherche. Toutefois quelques piles se profilent à une centaine de mètres. Il s'y dirige et constate que les numéros de ce lot sont assez éloignés de sa propre adjudication. Il choisit une direction plein Ouest et franchissant caniveaux et bosses, arrive sur une nouvelle coupe. Les premiers numéros relevés sont proches des siens. Persévérant,il finit par localiser une première partie de son lot. Il la marque de son signe et constate que le reste de celui-ci ne fait pas partie de cette coupe. Il peste contre ces choix délibérés de ne pas regrouper les lots par adjudication. Il faut alors déplacer le bois pour pouvoir en effectuer le chargement sur la plate-forme du voiturier. Qui est responsable de ce déplacement, le destinataire!...
Il finit par découvrir la deuxième partie de son lot. Comme il le redoutait, il est franchement paumé. Au delà d'un ravin rocheux à souhait. Bonjour le déplacement !
Il allait prendre  le chemin du retour, après marquage de ses stères, lorsqu'en se redressant, il aperçoit lovée aux pieds de la pile, une vipère inerte. A l'aide de son bâton ferrée, il titille le serpent. Sans réaction. Il accentue la pression, toujours rien. Il finit par soulever le reptile à la pointe de son bâton et ne suscite aucune réaction. Il estime alors que l'animal est mort et s'en saisit en entourant sa main du grand foulard qu'il porte autour du cou. Il enfourne le tout dans la poche extérieure de sa pelisse.
Il est largement passé midi lorsqu'il rentre chez lui. Grand-mère et ses filles sont déjà soucieuses de ce retard inhabituel. Toute la famille est assise autour de la table de cuisine et attend son chef pour commencer le repas.
Grand'père a retiré sa pelisse et déposé sur le coin de la table, le foulard et son contenu...il commence d'expliquer qu'il a découvert un objet qui devrait rendre service à son aînée, Mariette, l'institutrice...lorsque soudain un mouvement agite le morceau de tissus. Joseph comprend de suite et se précipite vers le fourneau à bois d'où grand-mère a déjà retiré la marmite du potage. Les flammes rougeoient dans le foyer ainsi à ciel ouvert, il saisit la pince à braises et avant que personne n'aient compris, il saisit le serpent avec la pince et se précipite vers les flammes. Il expose son trophée au-dessus du foyer. Après quelques tortillements la vipère pend inerte entre les mâchoires de l'engin, asphyxiée...
Les filles comprennent alors et éclatent en sanglots nerveux.
Je retrouverai cette vipère, baignant dans son bocal de formol, lors de mon entrée dans la classe de ma maman, trônant sur son pupitre. Elle fut un des sujets des heures de sciences naturelles pour beaucoup d'élèves de la classe de troisième tenue par ma maman Mariette.

Aucun commentaire: