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vendredi 23 novembre 2018

Le choix

Plus que 3 jours...
Cette fois ça y est , ma décision est bien prise, j'ai renoncé à un pontage cardiaque avec tout ce que cela représente. Même si l'opération est garantie à plus de 90 %, les suites peuvent être trop conséquentes. Immobilisation prolongée, risques d'infection due au diabète dont je suis affublé et possibilité de finir en fauteuil permanent ne m'ont pas tenté.
La situation actuelle est certes pas de tout repos, mais ne me cause pas de douleurs ni de contraintes inévitables. La pose d'un "stenn" sur une des 3 artères devrait me donner une meilleure circulation et favoriser la respiration qui faute de rétention d'eau me gêne sporadiquement.
Enfin de l'avis de mon médecin traitant, j'ai choisi la bonne solution. Alors à nous deux, les Bâlois de la clinique Universitaire, faites bien votre boulot. A mardi 27 novembre 2018.

mardi 20 novembre 2018

Les histoires de jean Soldat

Jean Soldat aux Champs.

Quelques semaines après son escapade aux échelles de la mort, Jean Soldat reçoit une nouvelle mission en territoire étranger.
Les troupes Alliées sont fortement engagées à nos frontières et elles ont déjà délivré un large territoire jouxtant la chaîne du Jura, entre Suisse et France. Des informations relatant une contre-attaque de la Wehrmacht et faisant état d'un passage en force de nos frontières pour surprendre l'adversaire sur ses arrières, circule dans les services de renseignements. Une boîte de la Résistance, en territoire occupé est à même de fournir plus de précisions sur cette opération.
Le responsable de ce groupe de FFI se situe dans les ruines d'une école, en pleine forêt non loin de St.Dié. Jean Soldat est donc chargé de prendre contacte avec cette antenne. La région est sous haute tension et d'un accès compliqué. De nouvelles troupes de la Waffen SS sont remontées du Sud de la France, chassées par le débarquement au Sud du pays.On sait que ces unités SS sont sans pitié. Le massacre de Oradour/Glâne en est un terrible fait. Un village entier détruit et massacré par une compagnie en repli en a exprimé toute l'horreur au monde libre. 
La première partie de la pénétration en territoire français, se passe en zone libérée.. Vient ensuite la traversée de Saint Dié présente une première difficulté. Un seul pont , lancé par les troupes du génie Alliés, permet le franchissement du fleuve. Encore constamment sous le feu de l'ennemi tout proche à quelques km.
La construction des pontonniers est constituée de barges reliées par des poutrelles en bois et formant un solide tablier capable de supporter les lords véhicules qui sont chaque jour débarqués dans les ports de Normandie. Les tirs sporadiques des obusiers allemands ont déjà causé quelques dégâts. Il faut absolument bien choisir le bon tempo pour franchir l'obstacle.
Les renseignements varient selon les sources contactées. Des troupes américaines et anglaises côtoient les unités françaises  dans cette zone de bataille, chacun à ses vues sur la situation et il sera difficile pour notre agent, de se faire une idée précise de la situation qui l'attend. Il décide finalement d'attendre la nuit pour s'engager dans la traversée. Sa position n'est pas des plus enviable car il ne dispose d'aucun soutien logistique. Un officier français finira par lui communiquer quelques renseignements quant aux heures de pilonnage de l'objectif par les batteries allemandes.
Jean, planqué dans les ruines d'une bâtisse sur la rive droite,attendra  son heure. Ces tirs bien que sporadiques, indiquent la présence de bélligérants encore bien ancrés autour de la ville. Il est évident que la Whermacht surveille étroitement ce passage qui devrait permettre aux troupes Alliées de faire passer le matériel de renfort d'une rive à l'autre. La pression sur les troupes du Reich est au plus haut point. Le Rhin et donc la frontière  du pays n'est plus qu'à quelques km et chaque avancée des américains provoque le sentiment de haine pour l'adversaire. Il règne encore dans l'armée allemande un fort sentiment de supériorité qu'entretient notablement le discours du Führer, promettant à ses fidèles, de nouvelles armes révolutionnaires d'une puissance destructrice telle que l'issue du combat mondial ne peut que tourner en sa faveur. Absorbé dans ses réflexions, notre homme ne perçoit qu'au tout dernier moment, une présence à ses côtés. La nuit est très sombre et l'arrivant d'une parfaite discrétion. Rapidement, devant le bras armé qui le menace, il se présente :
- FFI Gérald B, le lieutenant que vous avez rencontré cet après-midi, m'envoie pour vous guider jusqu'à votre rendez-vous en forêt occupée.
Jean est bien sûre réconforté par se secours imprévu.
Les deux hommes demeurent silencieux puis à l'heure choisie par le suisse, ils se mettent en mouvement. Quittant le couvert du bâtiment qui les abritait, ils se faufilent dans les décombres environants. Une large bande de terrain à découvert les attend ensuite. Le guide prévient:
- Attention jusqu'à la petite haie au fond du jardin, des snippers s'y trouvaient la nuit dernière...
Les deux hommes, rampants et redoublants de prudence, parviennent à la haie vive. Essayant d'éviter tout froissement intempestifs des arbustes qui la compose.Il s'y glisse, observent un instant d'éventuelles réactions car une nouvelle traversée de plus de 200 m en  découvert, les sépare d'un bosquet. Le guide prévient encore:
- Ils se cachent aussi dans ce bouquet d'arbres, séparons-nous pour y pénétrer. Le terrain humide a complètement imprégné les vêtements des deux hommes ce qui leur confère une certaine raideur dans les mouvements.Ils ont mis un bon quart d'heure pour franchir ces quelques dizaines de mètres...son attente de la journée dans les ruines ne l'a pas réchauffé. Il a une brève pensée pour sa maison confortable en Suisse. Il ne l'a quitte jamais sans un petit pincement au coeur et une brève nostalgie, toujours peu certain d'y revenir. Chaque mission en cette période troublée peut se terminer par une arrestation en terrain ennemi sous inculpation d'espionnage voire pire encore. Les balles perdues ne le sont pas toujours pour tout le monde !
Soudain, sur la gauche de leur position, un lourd froissement de branchages les met en alerte. Le FFI est armé d'une mitraillette mais Jean ne possède que son pistolet Mauser. De lourdes secondes s'écoulent pour laisser apparaître une patrouille de GI's. Les deux hommes se font connaître. La patrouille Alliée s'est infiltrée d'environ 3 km en avant de la ligne actuelle. Si ils ont détecté des mouvements de troupes ennemies, ils n'ont pas engagé d'affrontement. D'après leur bref commentaire, la confirmation de préparation d'une opération de plus ou moins grande envergure se confirme. La mission de Jean prend tout son relief.
Il sera nécessaire de redoubler d'attention pour parvenir jusqu'au point de jonction. Le renseignement semble de grande importance. Le SR a, une fois encore bénéficié de bonnes informations.
Les deux groupes se séparent et continuent leur cheminement respectif.Heureusement, la forêt est assez dense pour nos deux infiltrés. Le terrain est découpé par de nombreuses haies vives et taillis. Cette situation peut aussi bien camoufler des adversaires que servir de couvert. Arrivés à mi-chemin, soudain, un puissant tir de barrage se déclenche, venant du côté ennemi. Les rafales d'armes automatiques
Jean et son guide ont slalomé entre tous ces obstacles en se faisant connaître des troupes en place qui avaient été informées de leur passage. Les bruits de mitraille se sont tu. Le franchissement des 50 m de pont n'en sera que plus périlleux. Sans paroles ni gestes inutiles nos deux agents  transitent par les gardes immergés le long de l'ouvrage.Enfin l'autre rive , plus ou moins à l'abri de tirs éventuels !
Il faut maintenant vraiment se diriger à l'aveugle. Le point de rencontre n'est plus qu'à quelques centaines de mètres, mais la clairière ou se situe le bâtiment servant de QG aux maquisards ne se découvre qu'à moins de 50 m. Les deux hommes progressent avec toute la science qu'il applique dans certain cas. Se glissant d'arbres en arbres, ils choisissent les troncs les plus volumineux pour avoir un abri corporel.Tout à coup le bâtiment surgit de l'obscurité. Complètement isolé au centre de la petite clairière il présente toutefois des séquelles des combats  qui se sont déroulé entre le groupe de maquisards et les troupes allemandes. Un angle de la façade Sud-Ouest a été emporté par un tir d'artillerie ou de char, les fenètres sont toutes fracassées. Il n'en reste que des vestiges dans les chassis. Aucun signe de présence n'apparaît mais nos agents savent que les occupants sont installé en sous,sol. Cet ancien cloître possède des caves et des locaux souterrain, vestiges de la Révolution. Ils ne sont connus  que des habitants du pays et le secret est jalousement gardé, vis-à-vis de l'occupant. Cela fait plus de deux semaines que les maquisards les occupent et ont téussi à les soustraire à l'ennemi.. Ce point de renseignement à déjà démontré son efficacité en transmettant de précieux renseignements  tant aux Alliés qu'aux services suisses lorsque  ces informations concernent notre pays. Un des occupants est du reste d'origine helvétique. Pour terminer leur approche, Jean et son compagnon se séparent et contournent  chacun de leur côté, le vieux bâtiment. L'accès se trouve dans un bosquet du côté Nord de l'édifice. Mais là, ils trouvent devant une porte vermoulue en bois et métal. Une première tentative d'ouverture n'apporte aucune réaction. Toutefois un bruit sourd mais lointain qui ressemble au hululement d'une chauve-souris donne un écho à la tentative. Quelques secondes et un bruit plus proche semble provenir d'un mouvement, mais il ne provient pas de derrière la porte. Sur leur gauche, ils n'avaient pas remarqué une petite ouverture masquée par par une touffe végétale plus dense. Ils se sentent observé sans en avoir décelé l'origine. Une voix se précise et annonce:
- Vous êtes dans l'antre de Barnabé, un petit verre ?
La réponse servant à ce mot de passe est:
- Oui, mais à ras bord.
Jean Soldat ne l'a pas oublié et quelques secondes plus tard la porte vermoulue s'ouvre leur livrant passage vers une deuxième porte peinte en gris que l'on devine plus que l'on ne la voit. Un geste appris vers la parois de droite la fait pivoter sur des gonds bien huilés. . Deux hommes armés sont en position et accueillent les deux agents. Pas de palabres inutiles. On les emmène dans un couloir étroit pour déboucher sur une troisième porte blindée celle-ci. Ah, ils sont bien organisé les résistants! Une poignée sous le plafond en commande l'ouverture. Actionnée par un des gardes qui les accompagne, elle ouvre l'accès à une salle voutée, en pierre de taille. L'ameublement est plus cossu que ce que l'on peut attendre dans un tel endroit. Un bureau, une table avec 4 chaises au centre. Dans un angle quatre paillasses et une grosse armoire multiportes. Un paravent masque le poste de radio et un téléphone de campagne, produits américain à n'en pas douter. Un opérateur est en action et transmet l'arrivée de deux agents. Le responsable du groupe"Maxime", est un petit bonhomme à l'air débonnaire. Son efficacité est notoirement connue parmi les FFI. Un bon nombre de sabotages  ferroviaires et autres lui sont attribués. En le voyant on comprend qu'il passe inaperçu dans un groupe et même individuellement. Le parfait prototype du français campagnard.
On ne perd pas de temps en vain bavardage, le temps presse car la cotre-offensive allemande est programmée, d'après les sources, dans moins de 48 heures... Un document manuscrit est remis à Jean. Il en donne décharge au responsable. A peine une poignée de main et quelques recommandations pour le retour et nos agents se retrouvent en lisière de forêt. Reprenant le parcourt de leur arrivée, ils sont rejoints par une groupe de trois hommes armés, leur escorte. Le retour jusqu'au pont se passe sans incident. Là, ils sont pris en charge par une section US qui les dirige entre les postes disséminés le long de l'ouvrage. Sur l'autre rive une surprise les attend. La Wehrmacht a progressé sur ce terrain accidenté et à peine engagé dans ce qui était un no-mansland à leur arrivée, le groupe est pris sous le feu de l'ennemi. Une patrouille ennemies les a repéré. Deux hommes du groupe sont atteint. La riposte est immédiate et un feu nourri partant d'un fourré proche réduit rapidement cette attaque à néant. La protection est bien en place. Jean comprend alors toute l'importance de sa mission, ce qui lui donne une envie de plus de la mener à bien. Les tirs ont éveillé des troupes apparemment misent en place pour la grande opération allemande projetée. Un résultat non prévu et qui donne une grande vraisemblance aux informations parvenues. Un duel à l'arme lourde se poursuit dans la nuit. Les hommes du commando se sont terrés durant les échanges. Seul les groupes de protection autour du pont sont demeuré muets pour ne pas dévoiler leurs positions.
Enfin les tirs ont cessé. Côté du groupe, on  récupéré les deux blessés et on peut regagner les lignes Alliées. Jean et son guide sont indemne, un peu traumatisés par cet épisode , malgré tout envisagé dans de telles missions. Notre agent secret ramènera son butin aux SR helvétiques.
Un ballet diplomatique s'ensuivra avec l'Allemagne. La neutralité de la Suisse ne peut accepter un passage de troupes de l'Axe sur son territoire. Mis les choses changent rapidement et une brusque poussée des chars de Patton rendent l'opération Nazie impossible à réaliser. L'avance des troupes Alliées se poursuit avec une extrême rapidité vers les rives du Rhin.
Jean recevra les remerciements et les félicitations de son service. Il a droit à quelques jours de repos parmi les siens tout en sachant qu'il peut être  appelé très trapidement pour une nouvelle mission.
De longs mois de guerre lui donneront encore des occasions de trembler et de faire appel à son courage d'agent secret<;
 

samedi 10 novembre 2018

Suisse romande

Ou va la Romandie ?

Pour avoir vécu plusieurs années en ville de Berne, j'ai toujours été confronté à la marginalisation opérée entre les deux parties principales de notre pays. Il est évident que la germanisation de nos contrées est en progression. Ou en est la cause ?
Pour ma part, la première des raisons est que les romands ne sont plus intéressés par ce maintient d'une entité purement "française". Ils se tournent vers la partie alémanique de la Suisse qui semble leur offrir plus de chance de succès.. La désertification des élites en Romandie s'accentue. La plupart des grandes sociétés du pays ont leur direction établie en Suisse Alémanique. Les postes clés se décident donc là !
La volonté de réaction est a son point le plus bas... le niveau de vie de notre pays est en moyenne trop élevé pour créer le désir de se battre pour conserver un patrimoine qui ne soit pas celui de l'argent. La léthargie des autorités dans certains domaines, leur font oublier la vérité des choses qui se cachent derrière quelques milliers de ses bons vieux francs suisses. Les décisions les plus simples deviennent toutes entachées de profits au détriment de toutes autres considérations.
Il n'est que de constater la totale absence de réflexions à court ou moyen thermes qui prévaut, par exemple dans les autorisations d'implantation des nouvelles techniques solaires. Quelques billets verts ont raison de toutes les autres considérations...
Cette germanisation se retrouve également dans notre système démocratique ou constamment la Romandie est majorisée par la Suisse alémanique. Voir les récentes votations populaires !
J'avais toujours pensé que le Jura devenu canton helvétique serait capable de résister à certaine tentations. Las!... ma déception est grande de voir autorités et population se combattre pour des différents sans commune mesure avec la défense de nos entités... Je suis tenté de dire le plus riche l'emporte et comme l'on sait bien ou il se trouve !...

Comme je le constate trop dans ma vie actuelle, si des choses ne fonctionnent pas, c'est aux responsables qu'il faut s'en prendre pas au café du coin.

mercredi 5 septembre 2018

Il était une fois:

Ce jour-là, un grand brin de nostalgie s'est infiltré en moi. Je ne sais ce que j'ai ressenti mais, passant devant le musée Jurassien, j'ai soudain eu envie de retrouver un peu de ce passé qui parfois m'étreint. J'ai donc franchi le pas et me suis mis à la recherche de ces objets, usuels, qui rappellent tant de bons moments d'une vie qui défile à grande vitesse.

Dans une première découverte j'ai retrouvé : la baratte à beurre de mon enfance. Un vrai travail chaque jour pour récupérer la crème sur le bidon à lait. Faute de réfrigérateur, l'écuelle était placée dans l'endroit le plus frais de la maison. Souvent la petite fenêtre de la cuisine située au Nord ne recevait, en hiver du moins, aucun rayon de soleil. Dame! Il fallait la crème de toute la semaine pour produire la plaque de ce beurre qui ne figurait alors qu'au petit déjeuner du dimanche. Le barattage durait près d'une heure. Mais lorsque ressortait la boule jaune compacte au milieu du petit lait, c'était la fête!...

En continuant ma prospection, je découvre un outil très bizarre. Comme nous ne sommes pas vraiment dans une région de production, je ne le reconnais pas: - de quoi s'agit-il ? C'est un peigne à myrtilles m' apprend-t-on...Tout en bois, il possède un manche ou plutôt une poignée et sur l'avant, des longs clous espacés qui s'infiltrent entre les myrtilles avec un fond constitué de lamelles toujours en bois qui laissent filer les fruits dans le récipient de récolte. Cela s'emploie comme un gant...

Vous vous souvenez bien sûr des pains de sucre ? On en gagnait dans les lotos de l'époque et les épiciers en proposaient tous. L'outil que je découvre ici est en fait une pince pour casser les pins de sucre. Celui-là non plus je ne le connaissais pas dans la pratique. Drôle de forme avec deux lames en triangles. Dans la poignée, un ressort de rappel comme dans les pinces à ongles, avec un réglage de dureté.Tout en métal. Je me souviens avoir cassé des pins de sucre et ce n'était pas toujours pratique, mais de la pince, aucun souvenir.

Dans ma prospection, je tombe sur un instrument que tout militaire de l'armée suisse connaît: Les couverts de pique-nique. Pardon... celui-ci est en acier inoxydable, contrairement à l'instrument militaire que les soldats recevaient dans leur paquetage qui était lui en aluminium et un peu plus réduit. La possibilité de les réunir par un rivet et une ouverture allongée leur donnait place dans le sac à pain, sans trop d'encombrement.

L'objet suivant a aussi une résonance militaire: la chicorée. Sous forme d'un gros boudin, emballage papier, elle se rappelle à moi dans les mains de ma maman. C'est la deuxième guerre mondiale et le café est cher et rare, le matin maman Mariette déploie un journal sur la table et dépose une ration de café au milieu, café bientôt complété par sa moitié de chicorée. On mélange et on bourre le filtre de la cafetière, puis on ajoute l'eau et la cuisson fait passer cette eau dans le filtre ou se trouve le café. Bien entendu cette façon de faire n'était pas sans inconvénients, le dépôt de marc. Bon, une petite passoire réglait le problème. Mais le café ? M'y voici avec un moulin Peugeot, en bois. La réputation de Peugeot est due au mécanisme indestructible de ses moulins. Du reste encore sur le marché actuellement. Si ils sont électrifiés maintenant, celui-ci est aussi à manivelle, tout comme la baratte à beurre il fallait tourner et tourner et souvent sans obtenir la mouture adéquate. Beau temps ou l'on se contentait de ce que l'on avait.

Un truc métallique attire mon attention. En deux parties qui se juxtaposent, il présente...la forme d'un lapin ! Je pense de suite au lapin de Pâques et s'en est le moule ancien. Souvent le seul cadeau de cette fête, il m'a fait rêver. A l'heure actuelle, je m'offre chaque année un ou plusieurs de ces petits animaux si doux à croquer. Pour moi, cela n'a rien à voir avec la tablette. Le craquement lorsque je brise la tête de ma friandise, le morcellement tout au long de ma dégustation sont des moments que j'adore !

Je suis toujours dans les objets de l'alimentation pour découvrir parmi les vieux emballages, une bouteille de la brasserie jurassienne qui fut reprise par Warteck. Le souvenir de son grand panneau, sous le Ticle actuel ornait tout ce quartier de Delémont. L'immeuble construit sur ces lieux en a effacé toute trace. Un autre conteneur plus prosaïque attire encore mon attention. Si on le recevait sous forme de petits cubes, le Maggi figurait chez les épiciers du coin dans de grosses boites colorées. La concurrence de Knorr et de Maggi se distinguait par les couleurs de ces emballages rouge et orange.

Je crois que je vais arrêter ici ma découverte. Tous ces objets de l'alimentation m'ont ouvert l'appétit. Il est temps de trouver un petit bistrot pour terminer la soirée. Dommage le petit café voisin du musée n'existe plus, alors faudra-t-il se rabattre sur une Pizza ?...


Pourquoi j'ai écrit mes recettes de cuisine ?

Lors de mes essais dans la branche, alors que rien ne me prédisposait à cette profession, j'ai pris à plusieurs reprises les quolibets de mes enfants: " Papa quand est ce que nous cesserons d'être tes cobayes?". Aussi lorsqu'après 35 ans de pratique, j'ai eu l'occasion de passer mes heures de convalescence suite à une opération du genoux gauche, je me suis lancé. J'avais exploité plusieurs restaurants, dirigé la réalisation de grandes cuisines en collectivités de tous genres et travaillé à réaliser ce qui était devenu mon rêve et ma principale préoccupation: concocter des plats  pour rendre heureux ceux qui les dégusteraient. Sans chercher la difficulté, j'ai vraiment souhaité procurer du plaisir en se mettant à table. Des plats simples mais avec une exécution soignée et respectueuse de leur tradition, m'ont apporté la réalisation de ce souhait. Bien entendu, il faut aussi faire preuve de logique et d'un peu d'imagination. Mais la générosité est pour moi une qualité primordiale du cuisinier. Je voulais alors effacer l'impression de "cobayes" de mes enfants. Pour cela j'ai admis que le plus important était la régularité. Le moyen de la perpétuer étant de l'écrire je me suis mis à la tâche. Dans ma petite chambre de convalescence, ma jambe à l'extension sur une chaise, j'ai entrepris la transcription des plats de mon répertoire. Ce qui après quelques tâtonnement m'a amené à la rédaction d'une dizaine de recueils de recettes. Le tout dernier est intitulé:"Gastronomie Campagnarde II" et édité en juin de 2018. Il est obtenable au prix de 28.- auprès de l'auteur. Quelques-un des titres du contenu: Cocktails, Le beurre, usez sans abuser, Les consommés, Plats complets , Les pâtes en tous genres, Les poissons, Les viandes, Légumes d'accompagnement, Sauces et salades, Menus pour toute la semaine, Des recettes pour surgeler vos plats.
Je vous propose une d'entre-elles: 

La goulache à Brigitte.

En souvenir de mes amis Edith et Karl, de Vienne. 
1,2 kg de boeuf à ragoût
2 cs d'huile
100 gr de graisse d'oie
1,2 kg d'oignon blanc
20 gr de Paprika moyen
5 dl d(eau
2 cs de concentré de tomates
500 gr de tomates mondées
2 gousses d'ail écrasées
100 gr de poivron vert émincé
le zeste de 1 citron jaune et d'une demi orange
1 cc de harissa
1 cs de cumin
2 cs de farine
Faites rissoler la viande coupée en cubes de env. 40 gr, dans la graisse d'oie. A coloration, ajoutez les oignons grossièrement coupés, mélangez.
Mêlez  farine et Paprika pour en saupoudrer la viande et les oignons. Laissez roussir 5 min., salez et poivrez. Complétez avec les tomates, les zestes et l'ail, le poivron et le cumin.
Dans de l'eau à 35° C, délayez le concentré, l'harissa, 1/2 cc de caramel  (arôme) liquide, versez sur la viande. Couvrez et faites cuire à petit feu 2h30. Ajoutez de l'eau si nécessaire, en cours de cuisson.
Rectifiez l'assaisonnement qui doit être relvé.
A l'époque des fiacres à Vienne qui assuraient les taxis dans la capitale la nuit surtout,  on préparait cette recette en guise de collation, dans certains squares, pour réchauffer les cochers.
A servir avec des p.d.terre nature ou persillées.

mardi 4 septembre 2018

Quelque part...


Quelque part, un groupe minuscule se réjouit et se rince les mains dans le sang de 201 victimes espagnoles. Joyeux mais frustré que leurs engins aient explosés prématurément ce qui aurait permis de se faire baptiser dans le fleuve du sang d'innocents.
Quelque part, des millions de gens qui ont peur, qui prient et retrouvent un semblant d'unité devant l'adversité.
Quelque part un homme qui est en train, de fomenter sa prochaine barbarie , un acte que Dieu lui a certainement demandé.
Quelque part, un homme partagé entre dépit et colère, car on vient de lui torpiller son beau montage guerrier et revanchard.
Quelque part, des hommes et des femmes qui se retrouvent autour de leurs valeurs en se demandant ou en trouver les justifications. 
Quelque part, un homme seul qui se demande si il sera le prochain à payer ses erreurs, mais qui ne les admets pas.
Quelque part, le peuple qui vit, pleure, chante, baise et qui ne croit pas que c'est pour lui.
Quelque part ...Boum !

mardi 10 juillet 2018

Sur les quais !

Ce matin parisien et a peine brumeux  les bouquinistes sont déjà à la tâche devant leurs échoppes. La Seine est calme, juste parcourue par une ou l'autre péniche. Je m'attarde devant un éventaire de bouquin  sympas. Arrivé au pont de l'île St. Louis, je quitte la rive gauche avec le Louvre en perspective. Le sous-terrain qui relie la rive droite à la rue de Rivoli n'existe pas encore. Je m'engage pour traverser le jardin du Louvre et suis arrêté par une barrière métallique. Deux hommes s'y trouvent en attente. Un groupe imposant est en déplacement de l'autre côté de la balustrade. Une simple barrière en tube que l'on trouve au bord des parcours de toute manifestation parisienne. Parmi le groupe je distingue des projecteurs sur piètements et deux des participants portent des caméras de belle taille. Intrigué, je m'arrête, cette petite foule remonte le parc des tuileries, se dirige vers l'extrémité des jardins en passant entre les sculptures de Rodin. En remontant vers la grande porte qui débouche sur la place de la Concorde et son obélisque de Luxor, sur la droite un bosquet d'arbres clôture cette partie du parc. Tout le groupe s'y dirige et j'emboîte le pas. Là ! surprise deux autres caméras sont déjà installées sur leur pieds ainsi qu'une dizaine de projecteurs. Un groupe forme un cercle autour de deux chaises sur les dossiers des quelles je peux déchiffrer : Jane Fonda et Maximilien Shell.
Les deux acteurs y sont installés et des maquilleuses sont à l'oeuvre. Un service d'ordre nous canalise vers les arbres, juste derrière le groupe. Nous sommes une cinquantaine de curieux a découvrir les coulisses d'une prise de vue réelles d'un film. Depuis ma position, je découvre en face, sur la rue de Rivoli, à travers la grille qui surmonte un grand escalier, des véhicules garés comme fond de décor. Des camions années 30 et une voiture sont dans mon champ visuel. Parqué le long du trottoir sur la rue, je peux distinguer les raisons sociales sur les flans des véhicules. Alors que je suis à ma découverte, un ordre bref est donné: en place.
Un groupe de figurants en tenues d'époque, quitte le couvert boisé sur ma gauche. Un couple avec une poussette, deux agents de police portant la fameuse pelisse "hirondelle" se dirigent vers l'escalier. L'actrice elle, remonte en face de moi, le chemin de sable longeant le mur du parc. Elle porte une jupe noire, longue, et une veste grenat mi-longue. Elle marche tout en lisant un livre qu'elle tient devant elle. Les deux agents avancent dans sa direction et vont la croiser juste avant qu'elle n'arrive à hauteur de l'escalier. A ce moment une nuée de gamins en uniformes d'écolier, dévalent le dit escalier à grand renfort de cris. 
- Moteur a crié le metteur en scène...
Dix secondes puis retenti : Coupez...
Tout le monde retourne à son point de départ. Re maquillage. L'acteur n'a pas encore bougé de sa chaise et l'actrice reprend sa place à ses côtés. J'oublie mon projet de visite du musée du Louvre et je resterai planté là pour au moins dix reprises du même scénario. A chaque fois tout le monde démarre et revient se positionner en attente pour la prise suivante. 
Il est midi et je renonce finalement au Louvre. Je vais me trouver un petit resto derrière la Samaritaine. J'ai ramené une jolie série de photos de cet épisode.

mardi 12 juin 2018

Adieu la vieille blanche...

En arrivant en Ardèche, la maison louée à Montmagnon nous réserve une surprise. La présence devant nos fenêtre d'une petite troupe de chevaux de type camarguais. Vivant à l'extérieur toute l'année, sous les averses de pluie ou de neige, inlassablement ils parcourent des centaines de mètres carrés de pâture. Depuis 2 ans une jeune pouliche est venue compléter le groupe qui comporte la jument mère de cette troupe et 3 générations successives. Très familiers, les 5 bêtes sont souvent prés de notre enclos pour quémander caresses et nourriture. Ils font partie du paysage et leur présence n'a plus rien de surprenant.
Ce matin d'Automne, notre réveil est accompagné d'une curieuse plainte, venue de l'extérieur...
Nous approchant des fenêtres au sud, ouvrant sur la campagne, nous apercevons à quelques 300 mètres, 4 des cinq chevaux en arrêt au sommet d'un petit repli de terrain. Orientés vers la déclivité ce sont eux qui exhalent cette plainte lancinante qui nous a intriguée. Après une ou deux minutes et constatant que rien ne se produit, nous alertons notre propriétaire qui est aussi celui du troupeau. Le père Louis, se rend vers les bêtes toujours dans la même disposition. Il disparait à nos yeux absorbé par le repli du terrain et resurgit pour se diriger vers nous.
- C'est la jument, nous lâche-t-il dans son essoufflement. Elle est morte dans le talus  au bas du champ. Je vais m'en occuper.
Le reste de la troupe n'a pas bougé mais les hennissements du départ, ont nettement diminués.
Quelques minutes et Louis revient avec son fils sur le tracteur de celui-ci. Ils se rendent vers les lieux et peu de temps plus tard, sortent la jument, attachée par une corde au cul du tracteur. Dans cet équipage, il traîne le cadavre sur les 500 mètres qui le sépare de la route du village.  Les 4 chevaux sont maintenant rangés en bordure de route, immobiles.
Moins de 30 minutes plus tard, s'arrête le camion de l'abattoir. Le corps de la bête est alors chargé dans le véhicule qui l'emportera vers le lieu de l'équarissage. Durant toute la durée des opérations, le groupe est demeuré figé, spectateur de l'évènement. Plus aucun hennissement n'a été perçu. Le camion s'éloigne et dans la minute qui suit le groupe de chevaux, fait demi tour et reprend sa place dans son pâturage...
Nous sommes demeurés perplexes et presque émus de ce que nous venions de vivre. Il s'est dégagé de cet épisode un tel degré "d'humanité" que nous en avons souvent évoqué le caractère émotionnel.
C'était vraiment touchant et surprenant.

lundi 11 juin 2018

En ces temps là, le bois...

C'était au temps pas si lointain ou la Bourgeoisie de Bassecourt, possédait les clés du coffre, Mon grand père Simon étai aussi citoyen bourgeois de la commune. A ce titre il percevait comme tout un chacun dan cette situation, des gaubes. Largement propriétaire des forêts environnantes la répartition par tirage au sort des 8 stères par ayant-droit était totalement le fruit du hasard.
Mon grand père que je n'ai pas connu, est un homme des bois et il profite de chaque occasion pour parcourir ces forêts de Bassecourt dont en qualité de bourgeois des lieux, il se sent un peu propriétaire. Il vient de recevoir le dernier tirage de son lot de bois de feu. L'année tire à sa fin et en attendant le petit pécule de env. 100.- qui complète son droit, il prend en main la recherche de ses piles définies sur le bon de tirage. Le bois fait partie des coupes que les bûcherons ont pratiqués et les piles calibrées sont empilées sur les lieux même de leur abattage. Le secteur et les numéros des stères figurent sur les bons de répartition.
Le lot de Joseph Simon se situe sur le flanc sud de la commune. Il connait bien ce secteur de la Côte de la Chaud, aux trois barrières. Il sait déjà que la quête et le repérage seront difficiles. Ce matin de novembre, comme toujours à cette époque de l'année, le temps du Jura est maussade, gris et humide. Il n'hésite pas a se couvrir de sa grosse pelisse, chausse ses meilleures bottes pour se lancer dans sa recherche. Il prévient Marie son épouse que cela pourrait être très long et fastidieux. Munis de son bâton ferré, il quitte la douceur du foyer. Une petite heure de marche l'amène sur les lieux présumés. Un groupe de forestiers ne peut lui fournir plus de précisions sur le lieu de sa recherche. Toutefois quelques piles se profilent à une centaine de mètres. Il s'y dirige et constate que les numéros de ce lot sont assez éloignés de sa propre adjudication. Il choisit une direction plein Ouest et franchissant caniveaux et bosses, arrive sur une nouvelle coupe. Les premiers numéros relevés sont proches des siens. Persévérant,il finit par localiser une première partie de son lot. Il la marque de son signe et constate que le reste de celui-ci ne fait pas partie de cette coupe. Il peste contre ces choix délibérés de ne pas regrouper les lots par adjudication. Il faut alors déplacer le bois pour pouvoir en effectuer le chargement sur la plate-forme du voiturier. Qui est responsable de ce déplacement, le destinataire!...
Il finit par découvrir la deuxième partie de son lot. Comme il le redoutait, il est franchement paumé. Au delà d'un ravin rocheux à souhait. Bonjour le déplacement !
Il allait prendre  le chemin du retour, après marquage de ses stères, lorsqu'en se redressant, il aperçoit lovée aux pieds de la pile, une vipère inerte. A l'aide de son bâton ferrée, il titille le serpent. Sans réaction. Il accentue la pression, toujours rien. Il finit par soulever le reptile à la pointe de son bâton et ne suscite aucune réaction. Il estime alors que l'animal est mort et s'en saisit en entourant sa main du grand foulard qu'il porte autour du cou. Il enfourne le tout dans la poche extérieure de sa pelisse.
Il est largement passé midi lorsqu'il rentre chez lui. Grand-mère et ses filles sont déjà soucieuses de ce retard inhabituel. Toute la famille est assise autour de la table de cuisine et attend son chef pour commencer le repas.
Grand'père a retiré sa pelisse et déposé sur le coin de la table, le foulard et son contenu...il commence d'expliquer qu'il a découvert un objet qui devrait rendre service à son aînée, Mariette, l'institutrice...lorsque soudain un mouvement agite le morceau de tissus. Joseph comprend de suite et se précipite vers le fourneau à bois d'où grand-mère a déjà retiré la marmite du potage. Les flammes rougeoient dans le foyer ainsi à ciel ouvert, il saisit la pince à braises et avant que personne n'aient compris, il saisit le serpent avec la pince et se précipite vers les flammes. Il expose son trophée au-dessus du foyer. Après quelques tortillements la vipère pend inerte entre les mâchoires de l'engin, asphyxiée...
Les filles comprennent alors et éclatent en sanglots nerveux.
Je retrouverai cette vipère, baignant dans son bocal de formol, lors de mon entrée dans la classe de ma maman, trônant sur son pupitre. Elle fut un des sujets des heures de sciences naturelles pour beaucoup d'élèves de la classe de troisième tenue par ma maman Mariette.

Toujours des mots.

Cette fois je les ai noté. C'est curieux cette envie de décortiquer certains mots de la langue française. Mais elle existe bien.
Ce dernier: numismate.
Usité et connu, il m'est apparu soudain comme suspect. Envie de le regarder de plus près. Sa nature m'a ,un temps, été proche. A l'époque ou la monnaie suisse , dans ses valeurs dès 0,50 cts , est passée de l'argentage au cupronickel. La chasse aux pièces de 1 Fr, 2 Frs, 5 Frs et 0,50 Fr battait son plein. les dates d'émissions étaient le baromètre de ces valeurs. Vous pouviez ainsi vous retrouver avec une pièce de 2,- qui cotait plus de 150.- Comme je visitais les restaurants professionnellement, j'avais noués des relations avec quelques serveuses qui lors de mes passages me soumettaient la poche à monnaie de la journée.
Peu à peu l'engouement est  tombé, en même temps que les cotes. Il reste quelques reliquats de cette collecte dans une boîte à souvenir et la majeure partie fut utilisée ou revendue. Tout comme la philatélie, la notion de valeur se situe maintenant dans l'âge des pièces plutôt qu dans les prix des catalogues. La, par contre, c'est encore une de mes passions..

Le deuxième cas est "népotisme". Précédemment usité dans les religions, il est de plus en plus à la mode dans l'organisation de notre société. La réservation et la distribution des privilèges atteint dans la société actuelle, des notions d'institution.
Définition: abus de quelqu'un qui par sa position favorise le placement des gens de sa famille dans une hiérarchie. Papes et évêques du moyen âge en ont multiplié les exemples.


dimanche 3 juin 2018

04. juin 2018...

Un jour un peu particulier pour moi. Demain je vais entrer à l'hôpital de Delémont pour une adaptation de mon peace maker. Je ne sais en quoi cela consistera ?
Opération, simple complémentarité de l'existant ?
Comme trop souvent on ne nous explique rien, venez pour 16h30...
J'ai réservé le transport par la Croix rouge.

Roger W. ne pourra venir me dire bonjour, son état est trop grave pour un déplacement. Samedi j'ai rendu visite aux Stadelmann, M. est tristement diminuée, ils doivent renoncer un peu aux sorties et l'escalator de l'appartement lui permet encore de sortir. 

Je devrais aller consulter le livre d'or de la Confrérie dès que possible. Ils ont le chapitre au Tessin cette année.

Toutoune est passée me voir, elle réalise à Genève, un mur du jeu, assez séduisant. Ceci à côté du mur des Réformateurs. Inauguration dans 10 jours.


samedi 2 juin 2018

Le "Bistrot du mois".


Lorsque je suis arrivé sur les hauts des Ponts de Martel, ce jour d'avril 1987,le coup de foudre fut total et fulgurant. A la minute même, j'ai arrêté mon choix de vie pour les années à venir.
Après 25 ans de va et vient entre Suisse, France, Italie, Allemagne, Belgique et accessoirement le nouveau continent, ou USA, Mexique ou Canada m'ont entre-ouvert leur gastronomie. Après plus de 350 réalisations de cuisine de restaurants toutes catégories ou j'ai côtoyé des chefs de tout rang et de toute provenance. Des "Pros" sans passion et des amoureux inconditionnels de cet art qu'est la cuisine.
Après avoir essayé de manière très modeste de contribuer à l'édifice "Gastronomie" et créé mon propre concepte de restauration, j'ai ce jour-là eu l'envie de m'accorder un nouveau défi : passer de l'autre côté du fourneau !
Trois mois plus tard "La Petite Joux" ré ouvrait son coeur à ses anciens amoureux et aux nouveaux qui n'allaient pas tarder à succomber à ses charmes.
Pour la première fois cette ferme d'alpage à la longue histoire (construite en 1656) était un véritable restaurant. Restaurée et mises aux normes actuelles par le service des domaines de la ville de Neuchâtel (propriétaire du domaine des Joux offert par Louis d'Orléans a la cité pour avoir obtenu l'autorisation de prélever des troupes sur son territoire) la "Petite Joux" chère au coeur des Pontliers devait m'apporter les plus belles satisfactions de 1987 à 1991.
Lors de sa fermeture pour travaux, un de ses fans écrivit:
- "Petite Joux", toi qui nous a vu si souvent attablés devant un bon verre de blanc, nous avons de la peine à y croire que nous n'allons plus pouvoir rien y boire. 
Hélas, il faut bien se résigner...ce petit bistro sera bientôt fermé. Les locataires de ces lieux si doux ne pouvant plus supporter plus longtemps le joug de la ville de Neuchâtel qui, propriétaire, de réparations n'a jamais voulu faire. Ce n'est pas sans grande nostalgie que nous te verrons tomber en léthargie. Mais tous les habitués du lieu qui y ont passé des moments merveilleux, garderont de la famille Bähler, un souvenir reconnaissant et sincère.
Certains furieux, se sont juré de n'y plus revenir. La curiosité aidant, peu à peu nous avons a nouveau pu les compter dans nos rangs. C'est pour eux que j'ai répondu ceci:
- Tout ne fut pas perdu...
ta cause bien défendue
fais de toi, la belle ingénue 
qui sûrement n'a pas d'éplu.
Dans le climat recréé
de tes cloisons boisées,
tes nostalgiques admirateurs
ont retrouvés en toute splendeur
les joies non oubliées
de tes siècles passés.
Dans ton beau site inchangé
tu veilles pour l'éternité 
sur les têtes désormais enneigées
de tous tes chers "Vieux Pontliers"
Te voila sortie de ta léthargie
et au diable toutes les nostalgies
te voilà repartie pour toute une vie
et qui sait...peut être la belle vie.?
Mais même si le terrain était propice, la reconquête ne fut pas facile. Faire accepter une carte de restaurant en ces lieux ou chasseurs, promeneurs, randonneurs et locaux nostalgiques du folklore qui présidait au passé maison, fut plutôt ardu.
Lorsque je proposais mes idées: buffet dominical, menus du jour et autres assiettes jardinières...je m'entendais répondre: côtelettes-frites, saucisses, fondues etc... 
Alors j'ai décidé de m'accrocher à mes idées.
Mon premier buffet du dimanche midi, ne vit qu'un seul client qui se régala et se désola... d'être le seul à en bénéficier.
Six mois plus tard, les buffets à thème faisaient le plein tous les dimanches et je n'ai jamais produit la moindre frite...avantageusement remplacées par les roestis maison.
J'ai également joué la diversité tant dans les menus du jour que dans la carte..

vendredi 1 juin 2018

...ils sont arrivés...

 
...tristes et dépenaillés, à pieds, à cheval ou en voitures. Ils venaient de passer la main...
Cela ressemble aux paroles d'une chanson. Mais ce n'est pas une chanson car cette horde n'a plus d'ode. Après la drôle de guerre ils fuient presque fantômes, une guerre éclair.
Poursuivis, talonnés, traqués, désemparés, acculés, la mort dans l'âme, ils ont franchi leur rubicond.
Après avoir tout emmené, tout raflé sur le chemin de la terre brûlée, la rage de la destruction au ventre, ils sont arrivés transis, pitoyables, anéantis, débarqués, démoralisés, désarmés à nos frontières ou l'on a rendu leurs armes inutilisables ; mais étaient-t-elles utiles. Leurs chars de guerre, alignés comme à la parade, leur ont fait une dernière haie, mais pour quels honneurs ?
Le peu qu'ils ont conservé, ils le distribueront tout au long du harassant cortège qui les emmènera d'écoles en églises vers un destin qu'eux seuls ignoraient: les Camps de la défaite.
Le Jura les a vus, les a reçus. Mais que sont-ils devenus ?
Français, polonais, spahis, mêlés mais jamais mélangés, ils ont vécu la même et terrible grande désillusion. Ils se sentaient trahis, abandonnés. A travers chocolat et bonbons dont ils remplissaient nos poches et nos bouches, a travers les armes, casques et autres vestiges de leur vain combat, que nos parents recueillaient, ont-ils un instant caressé l'espoir d'accéder à une nouvelle considération ?
Eux, les battus de la première heure, ont-ils obtenu leur revanche des armes ?
Les gamins que nous étions, plantés sur le bord de leur route, évoquait tout ce qu'ils laissaient derrière eux et les larmes qu'ils essuyaient furtivement en nous glissant une tablette de chocolat, avaient des origines que nous ne comprîmes que beaucoup plus tard.
Spahis, aussi blanc que vos destriers, dans vos grands manteaux, fantassins, artilleurs, gris comme vos uniformes, juchés tout la haut sur vos carrioles et vos remorques d'artilleries; vous avez marqué ma vie et le Jura de 1940.

Le mot de la nuit...


A 2 h du matin, il éclate tout doré sur l'écran noir de ma nuit qui en devient blanche !
Je le considère comme important et décide de lui consacrer un moment. Mais , il m'échappe, fuit, je cours derrière...
Ce matin encore il ne revient pas. Pourtant c'est un de ces mots que l'on utilise tellement. Il peut exprimer tout et son contraire. Il permet de découvrir ou de cacher, toutes les vicissitudes de la vie. On l'utilise pour des banalités comme pour les moments importants. Un grand projet ? il surgit pour le promouvoir, le maintenir  en permanence dans l'esprit, le nourrir et pourquoi pas, le faire aboutir.
Mais il servira aussi à excuser le non aboutissement de la chose. Il nous mènera par le bout du nez, loin de la réalité qu'il nous masquera. C'est un de ces mots qui s'utilise sous couvert. Pas vraiment secret mais commun au point de se faire oublier. De par sa consonance, il fait partie d'une grande famille, disparate mais évocatrice. Allez, tu me reviens. Je voudrais bien t'accorder. Tu fais partie de mon vocabulaire, comme de celui de tout un chacun...
Quand je t'utilise, c'est que j'ai quelque chose à exposer, à promouvoir ou...à cacher. Un évènement survient, tu est à ma portée et tu sais l'exprimer. Tu peux me servir d'alibi ou de justificatif. Que tu es pratique!...
Malgré le recul je ne t'ai pas retrouvé...je te conserve ta place ici même, pour des temps meilleurs.

Pauvre cuisine.


Une fois de plus, un repas sans aucune saveur, je dirais même plus sans aucun goût: Relevé par plusieurs résidents. Je le transmets au chef : haussement d'épaule.Je constate que l'on nous sert de plus en plus de préparations industrielles, surgelées et autres. On m'avait annoncé une plus grande coopération avec le commerce local, notamment avec la boucherie. C'est une telle réalité que le boucher en question se pose la question de savoir si notre home  est devenu végétarien ? Compte tenu de la baisse des achats de viande enregistrée.

J'enregistre de plus en plus de déclarations spontanées sur la qualité des repas.
Pour ma part, je constate également une nette baisse de la qualité des achats de produits. Je n'ai jamais revendiqué une nourriture gastronomique ni même adaptée à mes goûts personnels, mais le moment du repas n'est pas que se remplir l'estomac, mais prendre du plaisir à s'alimenter, tout simplement.
Il semble que cette notion ne soit pas celle adoptée par nos cuisiniers.
J'aimerais tellement reconnaître leurs mérites et les en féliciter. Mais je dois admettre et ce sans aucune prétention, qu'ils ne feraient pas long feu dans ma brigade !
Juste encore une remarque: cessez d'utiliser des noms évocateurs pour présenter des banalités ou des provenances usurpées.
Avec tous mes regrets professionnels.
 

jeudi 31 mai 2018

Il est arrivé...

mon nouveau livre de recettes: "Gastronomie Campagnarde", 150 pages de recettes pour passer de bons moments de convivialité et et plaisir d'être à table.

Les apéritifs et cocktails, le beurre, les soupes, les bolets-roestis, Les pains maison, Les poissons de mer et d'eau douce, le boeuf sous toutes ses formes, le porc et la Saint Martin, des menus pour toute la semaine, des tartes et gâteaux, etc...
Vous pouvez passer commande sur mon adresse Mail de :
hoffmeyerasselin@gmail.com
Le prix est de 30.-, port : 6.- payable sur le net ou retirer le livre chez:
Gilbert Hoffmeyer, Claire Fontaine,2854 Bassecopurt.
Tél de réservation: 032 427 07 60 
Je me réjouis de vous compter parmi mes lecteurs fidèles.

Souvenirs...

En ce mois de Juin, je ne peux m'empêcher de me souvenirs de ces réalités vécues il y a plus de 70 ans. Ce que je n'oublierai jamais.

Depuis le début des hostilité de cette guerre de 39-45, le ciel du Jura est constamment violé par l'aviation des belligérants. Plusieurs escarmouches avec la Luftwaffe ont tourné au désavantage de la chasse helvétique. Mais depuis plusieurs mois, ce sont plutôt anglais et américains qui nous survolent ou même, nous mitraillent. Des containers en forme de gros cigares sont largués régulièrement sur notre sol. Destinés à la résistance française ils finissent souvent sur nos pâturages jurassiens. Bourrés d'armes, de vivres et d'argent ils excitent la convoitise. Mais la police et l'armée veille à leur récupération.
Des tractes et des bandelettes métalliques (brouillage hertzien), voltigent au-dessus d nos têtes à tout moment. Il est devenu coutumier d'assister au passage d'un bombardier du Strategic Air Comand ou un chasseur de la RAF, en flamme. Trainant un panache de fumée voir de flamme, ils tentent de rallier les aérodromes alliés ou s'accumule une fabuleuse armada qui devrait mettre fin à ce conflit qui dure depuis 5 ans: la 2eme guerre mondiale.
Mais les combats s'intensifient à nos frontières, depuis le débarquement du 6 juin en Normandie. Certains soir nous grimpons avec mon papa au sommet des Ordons, point culminant de la chaîne du Jura qui seule nous sépare des hostilités. Du sommet, nous suivons les départs des coups de canons qui opposent alliés à la Wehrmacht. Ceux-ci sont bientôt dos au Rhin.
Les informations de Sottens et les messages de la BBC, codés, permettent à mon paternel de suivre l'évolution du front. Sur une grande carte de l'Europe en flamme, un fil rouge et un fil vert sont tendus. Guidés par des épingles, ils sinuent au fur et à mesure des déplacements des deux belligérants. Jamais nous ne saurons ce que ces déplacements (/symboliques) ont représentés de morts et de misère sur le terrain...
Le miracle de la frontière suisse, en ces temps d'épouvante à l'échelle mondiale, nous y avons tous cru.
Ce matin je suis parti sur les pâturages au sud de Bassecourt. L'herbe est jonchée des fameuses banderoles d'aluminium. Un lâcher à eu lieu cette nuit. Il est près de midi lorsque le vol d'une escadrille me surprend. Pas de poursuivants helvétiques. Quelques courts instants et pourtant une fusillade se déclenche. Me souvenant des combats aériens précédents et des recommandations parentales, je cherche désespérément un couvert. Rien de sérieux, sinon un gros buisson d'épineux !...Déjà les tirs ont cessés. Combien de salves et de quelle durée ? Je n'en ai pas conscience, mais quelle trouille ! Me souvenant du combat aérien, quelques années plus tôt qui, juste au-dessus de nos têtes avait coûté la vie au pilote suisse Rickenbach, le 4 Juin 1940. Je l'avais vécu sans comprendre, me demandant pourquoi ma maman m'avait littéralement "cueilli" au beau milieu des fraises du jardin pour nous précipiter à l'abri, dans la cave, croyant à un bombardement...L'explosion de l'avion suisse, s'écrasant à l'entrée de Boécourt, nous avait terrorisé. Le pilote, mitraillé sous son parachute par la Luftwaffe, s'est enfoncé dans le sol jusqu'à la taille en fin de chute au bord de la route ou une pierre indique encore son impacte. Depuis lors, à chaque accrochage aérien, nous vivions des éternités de frousse, attendant comme un bouquet final: l'explosion.
Ce jour là, il n'y en eu point. J'y ai certainement battu des records pour rentrer chez moi.
La nouvelle y était avant moi, relayée par le groupe de transmission installé  dans "l'alcôve" familiale. La gare de triage de Delémont a été la cible d'un mitraillage en ràgle de la part...des Alliés
Je n'y comprenait plus rien. Qui était l'ami ? Qui était l'ennemi ? J'avais à peine 9 ans.
Plus tard j'ai pu voir des douilles, impressionnantes, ramassées par mon oncle Joseph Ackermann, alors chef de la gare des marchandises de l'époque.
Dans l'alcôve, les transmissions sont saturées. Il semble que cette attaque soit de même nature que celle conduite par la RAF contre la gare de Schaffouse, quelques semaines auparavant. Les Alliés s'en prennent aux gares de triages de Suisse, gares par lesquelles transitent les convois allemands qui empruntent les lignes du Gothard et du Simplon pour accéder à l'Italie, l'allié rattaché aux forces de l'axe et font passer ravitaillement et armement pour leurs troupes y combattant. 
Moins conséquente que celles de Schaffouse ou Rennens, cette démonstration était toutefois un sérieux avertissement aux autorités helvétiques.
Une fois de plus, la guerre nous a frôlé de son aile noire et ce 12 septembre 1944 a perturbé notre quotidien.
Ce soir la radio nous rappelle la stricte observation des consignes d'obscurcissement :-tous feux et lumières doivent être obturés. Les éclairages des vélos et des rares voitures sont presque indécelables car peints en bleu nuit. Toute fenêtre doit être masquée et ne laisser filtrer aucune lumière. Dès la tombée de la nuit, rues et villages plongent dans une obscurité intégrale ou seuls les verres luisants sont dispensés d'obscurcissement...
Dans l'alcôve, le préposé à la dynamo pédale de plus belle. Les transmissions vont bon train !...
La vie communautaire est bien perturbée. Le plan Wahlen pour l'intensification des cultures est bien assimilé. L'armée participe aux travaux agricoles et chaque mètre  carré est utilisé à bon escient. Le rationnement demeure draconien. Le père Monnin du Prayé règne sur les cartes de rationnement aux coupons détachables. Durant toutes ces années il eut la tâche délicate de répartir les ratios alimentaires.
Heureusement, la cuisine militaire, qui est installée à côté de l'école, dispense cacao, soupe, biscuits et parfois même un ragoût. Souvent seul repas avec viande de la semaine pour beaucoup d'entre nous.

mercredi 23 mai 2018

Mort d'un Ami

Journaliste, je t'ai connu dans l'exercice de ton job. Tu interwievais une écrivain culinaire à la terrasse d'un café de Lamastre. Tu m'as aimablement prié de m'associer à ce dialogue. Paru dans le Dauphiné, ton article a fait l'éloge des deux auteurs. Puis nous avons gardé un excellent contact  à travers l'association "Tazlau" du canton de Lamastre avec le village roumain de ce nom. Dans cette association, nous avons eu souvent l'occasion de collaborer ainsi que dans d'autres activités ardéchoises.
Nos goûts culinaires nous ont aussi rapprochés à table et nous te retrouvions régulièrement dans les manifestations à Empurany et là où tu les couvrais pour ton journal.
Tes Mails réguliers et super marrants, m'ont souvent servis pour agrémenter mon journal Le Furet.
Encore merci pour tous les services rendus lors de l'affaire du permis de conduire, les courses à l'hôpital de Valence et lors du déménagement final. 
Je garderai de toi le souvenir d'un chic copain et t'accompagne dans cet au-delà ou je te souhaite de trouver quelques choses à ton image.
Tchao l'Ami André.

lundi 21 mai 2018

Bassecourt 1950. Un dimanche de Printemps

Il est arrivé !...dans l'air, dans les yeux, dans les coeurs.
Il est à ras de terre, dans les pousses vert tendre, dans les premières fleurs encore hésitantes qui s'étalent, dans les bourgeons qui sourdent dans les haies...
Même les voix ont pris un timbre euphorique.
C'est le Printemps !...
Le Jura nous le distille en avant première, un de ces dimanches dont il a le secret : éclatant, chaleureux, revigorant, vivifiant en diable.
Pacques est à la porte et ce dimanche est le notre, celui de la course : de notre course. Toute la semaine nos conversations ont tournées sur ce sujet. "Le Tour des 3 villages" n'est pas encore une tradition, tout juste un divertissement du jeudi après-midi. Mais cette fois, c'est plus sérieux et dans nos têtes d'adolescents, il fait déjà partie de notre avenir.. .
J'ai quinze ans, de solides copains et six frères et soeurs.
Aprés un hiver sérieux ou la neige a un peu anesthésié nos activités. Nous sommes débordant d'idées et de projets et, celui de ce jour, nous tient particulièrement à coeur.
Le vélo-club Jurassia de Bassecourt a été choisi pour organiser le Championnat suisse cycliste sur route professionnel de l'année dernière en 1949. L'animation créée par cet évènement nous a mis l'eau à la bouche. Lorsque vous saurez qu'en plus, mon meilleur copain est Camilo, le fils de Camille Piquerez, directeur de Stella, vous comprendrez que les vélos soient importants dans notre vie de gamins. Un virus bien implanté. Les vélos Stella qui organisent chaque année le Grand Prix portant son nom est en outre créateur d'une équipe de coureurs pro dont le Champion du monde sur piste, Oscar Plattner est le leader. Tout y est !...
Notre circuit ; Bassecourt-Glovelier-Boécourt-Bassecourt n'est certes pas comparable à celui de ces championnats. Pas de quoi décerner un grand prix de la montagne...mais il comptait pour nous comme une revanche sur nos ainés, particulièrement nos paternels. 
Et notre grand jour est arrivé.
L'ami Noël a puisé dans les stocks de son paternel pour construire le stand de départ et d'arrivée : table du Jury, portique avec banderole, présentoir pour la planche des prix, etc.
Il est 13h05 lorsque je retrouve Roger dit "le Rodge". Il est nonchalamment assis sur le rebord de la petite fontaine devant chez "Le Burtin", juste en face de la villa Piquerez, résidence de "Camilo". J'ai avalé le repas de midi à grande vitesse pour filer rapidement. Sans échapper aux recommandations paternelles. Je cherche des yeux mon deuxième compère, sans qui rien n'est possible. Roger hausse les épaules, tire sur sa clope et lâche laconique:
- Pas vu...
Pas très causant l'ami Roger mais terriblement efficace. C'est lui qui dépanne, répare et met en route projecteurs de cinéma et autres lanternes magiques. Tout l'hiver nous animons nos après-midi dominicaux par des projections de films et d'images dont il est le grand instigateur.
L'as de la bricole et mordu de ciné, n'est pas vraiment inquiet du retard de Camilo. Pourtant, sans lui,notre organisation du jour est vraiment compromise.. Il est le pourvoyeur de la planche des prix.
13h15, aucun bruit, aucun mouvement en provenance de sa villa. Blottie derrière son rideau de thuyas et de saules pleureurs rien ne permet de penser que des gens y sont présents.. Nono, à quelques centaines de mètres avec le reste de l'équipe, commence sûrement à s'inquiéter. Pour sûre l'organisation de nos petites séances de projection de cet hiver nous ont causées moins de tracas. Deux ou trois films de Laurel et Hardy, Beaucitron inventeur ou Charlot, le projecteur Pathé Baby manuel et pour 50 centimes, nous réjouissons les copains durant des heures.
L'arrivée de notre copain coupe court à mes pensées. Il est 13h25...
- Catastrophe les gars!...j'ai du dîner chez tante Olga et en plus ma mère a bouclé la maison.
Nous nous regardons atterrés. La planche des prix, moteur de notre manifestation se trouve précisément dans sa maison. 
Les habitudes dominicales de la famille Piquerez, qui déjeune dimanche après dimanche en ville de Bâle, nous laisse les coudées franches pour occuper la maison durant leur absence. Le train électrique en réseau est génial tout comme la cave du père Camille. Véritable caverne d'Ali Baba. Nous y trouvons tout ce que les modestes revenus de nos parents respectifs ne peuvent nous procurer. Camilo nous organise alors un "pic-nique" épicurien autant que gargantuesque.
Après quelques beaux festins, les parents de Camilo ont sans doute flairé la combine.. Devant le refus obstiné de ce dernier de les accompagner au restaurant, ils ont exigé qu'il mange chez Tante Olga, la soeur de papa. En plus la maison est carrément bouclée.
Coincés nous sommes. Nous faisons tout de même un ultime tour de maison...bien nous en prend. Au premier étage, une petite fenêtre, celle des toilettes à peine entre baillée. Ouf!...- D'accord, mais c'est à plus de 4 mètres du sol et... on a pas d'échelle !
- Je connais une échelle, amenez-vous les gars.
En face, juste devant la Caisse d'épargne, une petite remise de jardin, accrochée sur la façade côté rue, juste au-dessus du mur : l'échelle... Un jeu d'enfant.
Roger, en parfait monte en l'air, a tôt fait de pousser la petite fenêtre et plonge, tête la première dans...la cuvette des WC. Pas de plouf mais un bon juron bien senti (hum!), on se marre.
Après c'est plus facile, les portes s'ouvrent. On replace l'échelle sur ses crochets et place à la visite de cave. Rapide et efficace. Il ne reste que 15 minutes avant le départ. On fonce les bras chargés.
Sur la ligne de départ, la bande des copains passe de l'inquiétude à l'euphorie.Sans le savoir, Stella participe à la course. Sponsor involontaire ? Juste retour des choses : les vélos sont de Stella...Pub !
Prêt pour le départ, le parc est plutôt dépareillé et hétéroclite. Du super course au vélo de tante Marie, du double dérailleur au pignon fixe, il y a tout. Pour certains, il faudra appuyer pour rejoindre la ligne d'arrivée. Mais les valeurs sont établies et le palmarès devrait être sans surprise. Ou presque. Le seul à disposer d'un engin adapté, c'est bien entendu Camilo. Il caracolera sur son super compétition. Cadeau récent de papa. Du coup, il me cède son Aero Stella. J'ai des chances de figurer dans les cinq premiers.
Une belle poignée de spectateur assistent au coup de pistolet (à bouchon) qui donne le départ.
C'est parti,, la rue de l'Abbé Monnin, la fontaine de l'école, on tourne à gauche. Attention : premiers pavés, passage à niveau de l'église, virage serré à droite pour enfiler la rue du Prayé, ma rue. Au 34, mon père, surpris secoue la tête en me voyant, il rit.
L'usine Ruedin, le petit pont sur la Sorne. Deuxième passage à niveau. Ouvert. A partir de la chapelle St. Hubert, prudence ! Nous roulons sur la route cantonale qui nous amènera à Glovelier. Le troisième passage à niveau est également ouvert. La garde barrière nous salue amicalement.
Bouby, Camilo en l'occurence est déjà hors de vue. Le peloton s'étire. Les énormes piles de traverses en bois de la Röthlisberger nous escortent jusqu'à la cheminée en briques rouges qui marque l'extrémité Ouest de l'entreprise
C'est le moment que choisit mon dérailleur pour "sauter". Mes deux copains "Mélasse" et "Napo" s'envolent. Pendant que je me bats avec ma chaîne qui refuse de rejoindre ses pignons, trois concurrents me filent devant le nez...Un kilomètre plus loin, bonne surprise pour moi : le quatrième passage à niveau retient derrière ses barrières baissées tous les copains qui m'attendent. On se regarde et on éclate de rire. On repart. Depuis la sortie de Boécourt village, c'est tout en descente pour rejoindre Bassecourt et la ligne d'arrivée. Quelques promeneurs nous regardent intrigués. Malgré nos dossards nous n'avons pas vraiment l'air de coureurs.
Je caracole en 6éme position. Je dois gagner 2 places, le prix que je convoite est à ce classement.
A 20 mètres derrière Pierrot, je le vois soudain faire un écart. Il se rattrape de justesse, évitant la chute sur le petit pont du premier Biefs. Je l'évite de justesse. Le compteur logé dans le cadre de mon Aéro Stella, indique 36 km/h. Deuxième Biefs, ces deux ruisseaux à écrevisses coulent de Glovelier vers la sortie Est de Bassecourt. Pierrot ne revient pas. Son dérailleur a sauté aussi. Nous longeons maintenant le "Village Nègre", entrée dans Bassecourt. Le virage de la Croix-Blanche.
Attention, une voiture!...elle s'arrête pour laisser priorité aux  champions. Merci. Nous enfilons la rue du colonel Hoffmeyer, le pont de la Couronne, le magasin des parents de Bébert Keller, 300 mètres ceux de Roger tous nous regardent surpris. Pensez,le petit qui pédale comme un dératé. Plus habitué à nous trouver occupés par nos projections cinématographiques que dans un peloton cycliste. Dernier virage, dernier effort. La banque, l'échelle qui me nargue. J'ai les mollets en bois. Je ne serai jamais coureur cycliste.
Horreur, je suis toujours cinquième, non : pas les cigares !...Il faudra sprinter pour les pêches au sirop. J n'y arrive pas, tant pis ce sera les cigares.
Dans le délire de la ligne d'arrivée, je conserve ma cinquième place. Camilo qui depuis longtemps a franchit la ligne, à l'air de bien se marrer. Il procède à la remise des prix et avec un clin d'oeil me remet sentencieusement ...les pêches au sirop.
Je suis content.
Heureux temps ou les routes nous appartenaient, sans interventions policières ou municipales. 
Dimanche prochain, nous irons au cinoche, à l'Appolo de Delémont. En fraude bien entendu, nous n'avons pas encore l'âge requis.
Nous nous sommes revus en 1989, à la Petite Joux. Trop brièvement pour évoquer ces souvenirs.
Tchao Bouby, mes amitiés.

jeudi 17 mai 2018

Les "Vieux".


Ce qui est terrible quand on est "vieux", c'est que l'on est condamné à accepter tout ce que l'on nous dit...
Dans tous les domaines, c'est pareil ! Les promesses sont comme les allumettes de Bengale, un beau feu et puis ...Pschitt...adieu. Pour nous qui les subissons, c'est assez incompréhensible et toujours vexant. Vous émettez un souhait, un voeux, un simple désir et la suite est le plus souvent désobligeante, voire vexante et démontre la plupart du temps l'incompréhension qu'ils engendrent. Rares sont les interlocuteurs qui font plus que prêter une oreille distraite à vos revendications. La routine , les habitudes, le stress qui anime tout un chacun ont vite fait de balayer les meilleures intentions. Le temps d'écouter et de réagir correctement se fait plus que rare. Je crois que la plupart d'entre nous, oublie le principal de sa motivation pour glisser vers la facilité. Ce mode de culture est devenu la règle. Entretenu par les nécessités de la vie trépidante que nous avons beaucoup de mal à gérer, nous oublions trop de "basic". La compréhension, la patience, la politesse, le bon usage et l'approche de l'autre sont devenus ringards, dirait-t-on. Seul prévaut la satisfaction personnelle. Je me demande ce qu'est la réflexion le soir en rentrant chez lui, de celui qui dans toute sa journée ne possède comme bilan que ses petits succès, la jouissance de son pouvoir, l'abus parfois de sa position dominante. A la question : comment ais-je utilisé mes compétences, peut-il répondre, oui au profit des autres ?...
Les "vieux" ne demande qu'un peu d'intérêt, des temps d'écoute, de la compréhension de leur situation, une prise en compte autre qu'enfantine. Même dans le langage on les traite à part. Les phrases toutes faites, les gestes robotisés, sont parfois très mal accepté. Mais voilà, ces "vieux" ont parfois perdu la capacité ou la volonté de se rebiffer. Pour éviter de faire des vagues, ils acceptent tout. Combien de fois ais-je entendu dire:
- Oui, mais on a besoin d'eux ! On préfère ne rien dire...
La chose la plus importante qui en résulte, c'est le gain que procure cette manne. Une exploitation de plus en plus évidente du troisième âge est un constat actuel. La plupart de ceux qui en sont tributaire sont des humains qui ont travaillé toute leur vie, parfois durement. Rares sont ceux qui en on tiré des avantages persistants. Alors vous "Mesdames et Messieurs"qui tirez les ficelles, pensez seulement que votre tour viendra, essayez de présenter un bilan positif lorsque viendra votre heure. "Un vieux"

mercredi 16 mai 2018

Mes sorcières préférées.

 Cette fois, ça marche...
Sans accrocs je peux rétablir la com avec vous qui allez participer dorénavant à mes échanges épistolaires. Je crois avoir pas mal de chose à faire partager et me réjouis que vous y participiez.
Les contes du passé sont une de mes marottes. Ma maman qui fut enseignante, institutrice comme on disait alors, m'en a souvent conté.
L'un d'entre eux retenait particulièrement mon attention. Je me suis efforcé de le rédiger au plus près de mon souvenir et vous le propose comme je l'ai interprété.

Le retour de Bâle.

Cela se passe au 19ème, une époque ou la vie était faite de labeurs et de croyances que l'on a depuis longtemps oubliés. Les "Djnaches" occupaient les réunions de famille hivernales. Alors tous autour du feu de la cheminée, nous tremblions aux méfaits et aux mésaventures de ses personnages qui peuplaient la vie quotidienne autant que les imaginations.
Hors, ce soir là , en ce milieu du 19ème, le Jura est territoire du canton de Berne. Situé à son extrémité Nord-Est, il est frontalier avec l'Alsace à l'Est et la Franche Comté à l'Ouest. La vie s'écoule au fil des saisons entre les travaux des champs et de timides ébauches d'industrialisation. Les paysans horlogers font petit à petit leur apparition. Toutefois, les communes tirent le principal de leurs revenus de l'exploitation des forêts et partant du commerce du bois. Le bois de papier est un débouché non négligeable de cette activité forestière. Si les scieries bordent les cours d'eau, telle la Sorne par exemple, les équipements de transformation en papier sont situés au-delà des limites jurassiennes. La matière première est souvent acheminée vers le port fluvial de Bâle et transportée par le Rhin vers l'étranger. L'Allemagne principalement.Ces transports se font au moyen de charrois lourds et solides, tirés par des chevaux et confiés à des voituriers.
La route de Delémont à Bâle est longue d'environs 50 km. Son tracé, longe la Birse, rivière venant de Moutier et qui à l'entrée de Delémont bifurque vers l'est et s'en va rejoindre le Rhin près de la ville rhénane. La marine suisse ancrée dans ce port, achemine alors sur ses péniches et bateaux les bois et quantité d'autres marchandises.
Les chars à ridelles ou échelles, utilisés pour ces transports, sont parfois plus lourds que le chargement lui-même. A l'aller comme au retour à vide, la tâche est difficile et rude pour bêtes et gens. Les chevaux de traits utilisés, sont de solides percherons travaillant souvent en couple voir en attelage triple. La main de fer du conducteur est nécessaire pour driver et conduire à bien ce transport et ce, d'autant que l'état des routes laisse nettement à désirer. 
La proximité de la rivière,ses débordements  saisonniers, les petits défilés très ombragés et les gorges qui jalonnent le parcours, ajoutés au poids des convois ne laissent pas la chaussée au mieux. Le revêtement de pierre et de sable, parfois soutenu par des souches de chêne, se creuse rapidement et met en péril l'équilibre d'un chargement mal arrimé.
En ce jour de décembre 18.., l'attelage du père Wolf peine sur la route du retour. Bien que à vide, le convoi progresse avec difficultés. La route est verglacée et de nombreuses plaques de neige sont accumulées dans les endroits ou le soleil de la journée n'a pu les atteindre. La neige cette année fait une apparition prématurée et Noël s'annonce "blanc".
Le charretier a prit le parti de marcher à côté de son attelage. Il peut ainsi intervenir avec plus de rapidité en cas de besoin.
Le souvenir de la dernière halte à l'Auberge de Liesberg, s'estompe et les effets du vin chaud et de la Damassine ne font plus le poids face à la bise insidieuse et glaciale qui sévit dans le défilé de "Sous le Vorbourg". Sur son éperon rocheux, dominant la forêt, la Chapelle dédiées aux apparitions de la Vierge, rejoint peu à peu l'obscurité. Le dernier hameau traversé, Soyhières, vient de disparaître, happé par le virage à droite qui a encore rapproché la route de la rivière.
A 15 km de chez lui, le charretier se sent bien seul. Les deux jours de ce voyage ont été éreintants. Tout comme les deux chevaux, il peine dans les ornières de plus en plus profondes et envahies par une neige qui commence à durcir avec la chute de température. Il se prend à rêver de ce chemin de fer dont on parle de plus en plus et qui relierait Delémont à Bâle.
Ah...si ces propriétaires terriens, tous opposés à cette évolution, devaient se farcir ces trajets hebdomadaires, ils réfléchiraient différemment à coup sûre ! Mais le projet menace de couper leurs terres , leurs propriétés ou leurs domaines en deux voire en plusieurs parcelles par la création de la voie ferrée...Alors ? Il pense surtout a Errard de Bassecourt qui a déjà porté l'affaire devant les tribunaux et qui refuse de voir fractionné un domaine dont il faut actuellement une journée à cheval pour en faire le tour.
...une brusque glissade de l'étalon à droite de l'attelage, le tire de sa rêverie. Aussitôt, il se porte à la tête de Zéphir et saisissant le licol, l'aide à se rétablir.
La transpiration des deux bêtes forme un véritable nuage de condensation qui donne dans le jour finissant, une aura d'irréalité.
Le père Wolf, remonte le cache-col de sa pelisse et donne de la voix pour stimuler son équipage qui peine dans le petit raidillon abordé avec difficulté. Sur la gauche, la Birse qui vient de recevoir les eaux de son affluent Vadais, "La Sorne", roule ses flots entre les rochers. Son ronflement est avec l'arrivée de la nuit, le seul repère jusqu'à Delémont.
Prudent, le voiturier garde   en réserve son brûlot, accroché aux ridelles du char, il servira pour la fin du trajet. Entre Delémont et Bassecourt, par la Lovaire, il ne bénéficiera plus d'aucun points pour se guider et ce soir, la lune n'est pas présente pour l'aider. La lueur ténue de son bidon rempli de braises rougeoyantes, sera sa seule source et de chaleur et d'éclairage. L'anse bien entouré d'un chiffon épais lui permettra de s'en servir comme d'une mince torche dans la nuit.
Soudain, les sabots des deux chevaux glissent et dérapent en même temps. Zéphir, l'étalon met même les genoux au sol. Surpris le conducteur, dans un premier réflexe, fait claquer son fouet. L'attelage s'est arrêté net...  Se rendant compte que quelque chose de bizarre se passe, il remonte rapidement à la tête de ses chevaux. Saisissant à nouveau le licol de la jument Saba, il relance du geste et de la voix ses percherons.. Bien qu'arcboutés sur leurs pattes, ils n'arrivent pas à ébranler le convoi.
Totalement déboussolé, le père Wolf louche vers la cognée qui, attachée sur le côté du char, l'accompagne dans tous ses voyages. Après une courte hésitation, il s'en saisit et, dans un geste de protection, allume le brûlot. Ainsi équipé et plus ou moins rassuré, il fait le tour du gros véhicule et l'inspecte à la lueur vacillante de la torche improvisée. Aussitôt à sa droite, la forêt toute proche, s'anime et prend des allures d'irréalités. Passant par l'arrière pour ne pas effrayer ses bêtes toujours un peu cabrées, il fait lentement le tour du charroi. Arrivé à hauteur de la roue arrière droite, il a vaguement l'impression d'une présence. Dans un mouvement de peur et de protection, il lève la puissante hache devant son visage. Son rythme cardiaque grimpe, une bouffée d'adrénaline le submerge... il a la trouille de sa vie. Cependant aucune présence ne se manifeste, mais les chevaux sont de plus en plus nerveux. Pour se rassurer, il lâche une bordée de jurons bien sentis tout en se repliant vers l'avant, vers ses chevaux.
- Holà...holà...tout doux, tout doux !
- Calme mes beaux , calmes.              
Se calmant un peu lui-même, il remet la cognée à sa place entre les barreaux et reprend ses deux bêtes en main, par le licol pour tenter de les faire avancer. Mais les gros yeux de ceux-ci, semblent vouloir lui délivrer un message qu'il ne comprend pas.
Une rafale de vent plus forte, incongrue et totalement imprévisible, attise le brûlot qu'il a conservé dans sa main gauche, attisant et provoquant un appel de flamme qui lui fait lâcher prise. Les braises incandescentes se rependent sur le sol, roulant entre les pattes des chevaux. Malgré le lourd timon qui les unit, ils se cabrent sur les pattes arrières, bousculant l'homme qui manque de peu être piétiné.
Franchement affolé cette fois, il se rue sur sa hache, l'empoigne à pleines mains, courant et trébuchant il refait le tour de l'attelage , arrivé à hauteur de la roue arrière droite, il abat avec un cri terrible le tranchant de l'instrument, fracassant net un rayon de bois de la roue.
Un cri encore plus terrible lui fait écho. Un cri qui fait trembler la forêt toute entière, réveillant chouettes, hulottes et chauve-souris qui s'enfuient dans un frou-frou d'ailes affolées.Et dans le bois frémissant de la course de tous ses habitants, à la lueur de son brasier qui termine de se consumer au sol, l'homme éberlué voit une forme vaguement féminine, blanche et quasi transparente, s'enfuir entre les troncs. De sa main droite elle soutient son avant-bras gauche et le père Wolf le jurera : un flot de sang s'échappe de ce moignon, tranché au ras du poignet...
Ses nerfs le trahissent et il glisse au sol. Adossé à la grosse roue fracassée, il voit la forme blanche disparaître dans les buissons.